Eco-quartiers.fr - Le blog - Mars 2011 - L’éco-quartier à l’épreuve des modes de vie

Au sud de Stockholm, l’éco-quartier d’Hammarby Sjostäd, ancienne friche industrielle où prospérait la délinquance, devrait être achevé en 2018. Pionnier de la ville durable il y a déjà vingt ans, il fait figure de référence pour les projets d’éco-quartiers européens. Gestion...

L’éco-quartier à l’épreuve des modes de vie

source: http://www.hammarbysjostad.se
Au sud de Stockholm, l’éco-quartier d’Hammarby Sjostäd, ancienne friche industrielle où prospérait la délinquance, devrait être achevé en 2018. Pionnier de la ville durable il y a déjà vingt ans, il fait figure de référence pour les projets d’éco-quartiers européens.

Gestion des déchets par aspiration, desserte complète en transports en commun, réseau de chaleur collectif, phyto-épuration des eaux pluviales, habitat dense et éco-construction des bâtiments... l’inventaire des caractéristiques environnementales de ce quartier de 25 000 personnes logées dans 11 000 appartements illustre la dimension visionnaire de ses concepteurs, résolus à diviser par deux tous les impacts écologiques du mode de vie urbain.

Pourtant, après plusieurs années de recul, le bilan de ce quartier modèle est aujourd’hui mitigé. Qu’il s’agisse de l’usage de la voiture individuelle, de la mixité sociale ou fonctionnelle (le quartier attire essentiellement des familles aisées et peu d’entreprises s’y sont implantées) ou encore de la réduction des impacts (de 30 à 40% uniquement contre 50% attendus), l’objectif n’est que partiellement atteint.

Particulièrement symptomatique, la consommation énergétique des habitations, conçues pour ne pas dépasser les 60 kWh/m2/ an a explosé pour atteindre de 100 à 160 kWh/m2/an selon les bâtiments. Si l’on peut considérer que l’efficacité des matériaux et procédés constructifs de l’époque excuse en partie cette contre-performance, il apparaît cependant clairement que la raison principale de ce semi-échec est à chercher ailleurs.

De l’aveu de ses promoteurs, l’explication est simple : les comportements des habitants n’ont pas été à la hauteur des ambitions assignées au quartier. Qu’il s’agisse de se séparer de sa voiture pour profiter du réseau de tramway ou de se conformer aux exigences d’un habitat basse consommation, la force de l’usage a largement primé sur la transformation attendue des dispositifs techniques spécifiques des éco-quartiers.

Ces résistances culturelles et sociales commencent à questionner depuis les architectes jusqu’aux acteurs exploitants. Car l’idée selon laquelle il suffirait de mettre à disposition des logements théoriquement sobre en énergie pour éduquer à la frugalité ou de « bien penser » les espaces publics pour normaliser les comportements sociaux a fait long feu.

Alors que le "toujours plus" technologique demeure encore et toujours pour beaucoup d’acteurs l’horizon dont découlerait miraculeusement la vertu éco-citoyenne, les premiers retours d’expérience contredisent tous cette croyance. Ici comme ailleurs l’usage fait loi et les réponses sont sans aucun doute davantage à chercher dans les sciences humaines et sociales.

S’inspirer des modèles culturels et sociaux et des règles d’usage qu’ils impliquent pour concevoir les espaces, affiner et légitimer les approches et les scenarios par une concertation directe avec les futurs utilisateurs, accompagner la livraison des logements par une sensibilisation/formation à l’usage, créer des pôles de ressources et d’animation pour conforter les dynamiques de transformation écologique et sociale dans le temps… autant de nouvelles pistes à explorer pour que la réalité soit à la hauteur du rêve de l’éco-quartier.
  • Hammarby SjöstadHammarby Sjöstad
3 commentaire

Commentaires

  1. 1

    J'ai eu l'occasion de visiter plusieurs éco-quartiers nordiques et je partage votre réflexion qui pointe la difficulté de faire évoluer nos modes de vie. Il ne s'agit pas seulement "d'éteindre l'eau du robinet pendant qu'on se brosse les dents" mais bien de repenser globalement nos comportements. Et l'on voit bien que c'est la notion même de confort qui est à redéfinir. Vaste chantier !

  2. 2

    Rien que sur l'aspect économie d'énergies, c'est un changement radical qu'il va falloir faire. Réduire de 80% nos émissions de CO2 d'ici 2050 est une véritable révolution qu'on ne gagnera pas à coup de droits d'émissions sur les marchés du carbone !!!! Chacun est concerné et les éco-quartiers peuvent nous y aider, à condition qu'ils ne soient pas "investis" par des propriétaires surtout intéressés par les considérations fiscales type loi Scellier… qui n'auront que faire de la façon dont leurs locataires vivront ces quartiers. De ce point de vue, la responsabilité des promoteurs est aussi engagée. 

  3. 3

    Pensez-vous vraiment que les bobos que ciblent ces quartiers seront prêts à changer leur attitude consummériste ? Personnellement permettez-moi d'en douter.

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