Eco-quartiers.fr - Le blog - Novembre 2011 - Le terroir, nouveau levier vers un développement rural durable (3/3)

Dans les deux premiers épisodes, nous avons vu d’une part la nécessité d’agir en faveur du volet 5 du développement durable dans les espaces ruraux (« une dynamique de développement suivant des modes de production et de consommation responsables »), et d’autre part, l’impact du...

Le terroir, nouveau levier vers un développement rural durable (3/3)

le terroir de Normandie à l’honneur à Caudebec-en-Caux (2300 habitants)
Dans les deux premiers épisodes, nous avons vu d’une part la nécessité d’agir en faveur du volet 5 du développement durable dans les espaces ruraux (« une dynamique de développement suivant des modes de production et de consommation responsables »), et d’autre part, l’impact du terroir en tant qu’outil de développement économique local s’inscrivant de fait dans ce pilier. Nous avons notamment analysé la politique de « Marque Parc » pilotée par les Parcs Naturels Régionaux, et étudié, en guise d’étude de cas, le projet « Les Boutiques de l’Avesnois ».

Le terroir, outil de « branding » rural

Outre l’intérêt en termes de développement économique précédemment évoqué (mobilisation des artisans et producteurs locaux, soutien aux commerces de proximité, développement des circuits courts, réponse à la demande locale de consommer autrement, etc.), le terroir participe à la « promotion du territoire » en faisant des savoir-faire locaux une véritable « marque de fabrique ». Les particularités gastronomiques, les choix en termes d’agriculture (raisonnée, biologique, biodynamique, signes de qualité et d’origine, etc.), les traditions techniques, etc. agissent ainsi comme autant de repères permettant de structurer l’identité locale, et de communiquer autour afin de renforcer la « rente de qualité territoriale » (Lacroix, Mollard, Pecqueur, 2000) [1] : autour des produits du terroir peut en effet se cristalliser un certain nombre d’autres biens et services, liés notamment au tourisme (vert, gastronomique, culturel, rural, etc.). En cela, le couplage politique économique du terroir – politique touristique est une combinaison clé pour mettre en œuvre des projets de développement durable au sein des espaces ruraux. Il est ainsi courant de trouver, sur les sites Internet des Offices de Tourisme des espaces ruraux, des informations sur les terroirs du territoire (par exemple, sur « Les Boutiques de l’Avesnois » sur le site de l’Office de Tourisme de Fourmies, en ce qui concerne notre étude de cas), montrant bien là l’interaction entre terroir et tourisme – l’un agissant sur l’autre et vice-versa. Dans les petites communes, des opérations ponctuelles autour du terroir peuvent être montées pour développer le tourisme de proximité, comme la création d’un marché de produits locaux, d’une fête ou d’un événement (voir exemples en illustration). L’installation de gîtes ruraux peut également être mise en lien avec la découverte du terroir.
A l’image des Parcs Naturels Régionaux, et dans une approche alternative au milieu urbain, qui a lancé récemment des « marques territoriales » (reposant sur la promotion des ressources culturelles/économiques du territoire comme OnlyLyon par exemple), les espaces ruraux et les petites communes peuvent se saisir du terroir comme outil de « rural branding ».

Conclusion : les terroirs sur le terrain
Plusieurs clés de réussite doivent être combinées pour les territoires souhaitant faire l’usage du terroir dans leurs politiques publiques de développement durable :
  • Faire du terroir un levier vers un projet global de territoire, alliant économie, social et environnement dans une approche décloisonnée :
    Economie : soutien aux producteurs locaux, aux commerces de proximité, développement des circuits courts, de la consommation de proximité
    Social : renforcer les emplois locaux, développer la culture du bien vivre, participer à l’amélioration de la qualité de vie, créer des lieux de rencontre (marchés, événements)
    Environnement : favoriser la proximité, appuyer les démarches d’agriculture raisonnée, biologique, etc.
  • Rendre lisible une volonté politique forte, notamment en ce qui concerne le soutien à l’agriculture locale ;
  • Structurer une gouvernance de projet à l’échelle intercommunale (Communauté de Communes, Pays, PNR, etc.) pour atteindre une taille critique et un fonctionnement efficient du projet ;
  • Renforcer la culture du collectif, du travail en transversalité, pour mener un projet s’inscrivant dans le développement durable ;
  • Impliquer les habitants dans la démarche, pour en faire de véritables ambassadeurs de leur terroir ;
  • Disposer de bonnes capacités de communication, pour favoriser la rencontre de l’offre et de la demande ;
  • Créer des outils de suivi et d’évaluation, permettant de réajuster la politique selon les besoins.
Pour poursuivre l’exploration des terroirs comme outils de développement économique, voir le projet européen.

[1] Pour plus d’informations, lire http://www.psdr-ra.fr/documents/panier/pdf1_Mollard_Ecoru_Def.pdf
  • marché du terroir à Saint-Pol-sur-Ternoise (5120 habitants)marché du terroir à Saint-Pol-sur-Ternoise (5120 habitants)
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