Accordons-nous ! L’accorderie, nouvel outil de mixité sociale et de solidarité active
27/06/2011 - Sébastien LÉVRIER
La mixité sociale... Ce terme a été tellement détourné, galvanisé, défendu, descendu qu’on en vient à se demander s’il ne s’agit pas d’une coquille vide érigée au statut de norme et devenue à la mode à travers les éco-quartiers. La mixité sociale se résume-t-elle à mettre riches et pauvres dans un même bâtiment en espérant que le lien social naîtra de la proximité spatiale ?* Ou faut-il passer par d’autres outils pour favoriser le bien-vivre ensemble et lui donner, ainsi, de la substance ?
Depuis les années 1990, par l’intermédiaire d’un tissu associatif proactif, de l’économie sociale et solidaire ou de collectivités aux projets ambitieux, de nombreuses initiatives ont germé, permettant d’apporter de nouveaux éléments pour concrétiser un " mythe mobilisateur " qui manquait de pragmatisme.
L’accorderie pourrait bien donner à la mixité un peu plus de réalité.
Faire savoir les savoir-faire des habitants
Avec l’accorderie, il n’y a plus de talent caché. Repassage, gardiennage, cours de gastronomie, de guitare ou d’anglais, couture, peinture, jardinage, bricolage… Toutes ces activités peuvent s’inscrire dans le cadre d’échanges de services au sein d’une telle structure. " Et il y a plus de 900 catégories de services ! " confie, enthousiaste, Madeleine Provencher, responsable du réseau Accorderie au Canada.
Dernier avatar d’une économie qui promeut tant les circuits courts qu’une citoyenneté active, dans un objectif de création de lien social à l’échelle du lieu de vie et de développement d’un modèle de consommation plus collaboratif, l’accorderie s’inspire profondément des systèmes d’échanges locaux et en partie des réseaux sociaux solidaires et du troc. L’échange est non-marchand et repose sur les compétences de chacun.
Le temps, ce n’est pas de l’argent
Les " accordeurs " ne sont en effet pas salariés, pas bénévoles non plus, mais ils n’en sont pas moins rémunérés... en temps ! Une heure de repassage donnée = une heure créditée sur son compte-temps pour recevoir, en échange, un autre service.
Et le système est clairement démocratique et égalitaire, puisque, d’après Madeleine Provencher " il n’y a pas différent niveaux de compétences. Tout le monde est mis sur le même pied d’égalité ". De quoi estimer à leur juste valeur tous types d’activités.
L’expérimentation
C’est Outre-Atlantique, au Canada, qu’est né, au début des années 1990, ce système qui visait, dans un premier temps, à " lutter contre l’exclusion sociale et à favoriser de nouvelles formes de solidarité ". Depuis, l’idée a fait son chemin et des émules, puisque l’accorderie sera bientôt adoptée en France, d’abord à titre expérimental à Paris et à Chambéry, puis peut-être, partout en France.
" On pourrait créer une accorderie dans toutes les collectivités " affirme Alain Philippe, directeur de la fondation MACIF, engagée dans le financement de projets d’innovation sociale. Pour lui qui a importé cette structure, la mixité sociale est bien l’enjeu majeur des accorderies, qui sont par ailleurs un outil pour sortir de la pauvreté des populations fragiles, via l’échange de services, certes, mais surtout en leur redonnant confiance en leurs capacités, leurs savoirs, leurs ambitions.
Les grands principes d’une accorderie
Pour plus d’informations sur le concept d’accorderie,
consultez notre actualité " les accorderies débarquent en France "
* Ce qui, à en croire les recherches, apportent des résultats plus que mitigés. Voir notamment " Proximité spatiale et distance sociale. Les grands ensembles et leur peuplement " (J-C Chamboredon ; Madeleine Lemaire)
Depuis les années 1990, par l’intermédiaire d’un tissu associatif proactif, de l’économie sociale et solidaire ou de collectivités aux projets ambitieux, de nombreuses initiatives ont germé, permettant d’apporter de nouveaux éléments pour concrétiser un " mythe mobilisateur " qui manquait de pragmatisme.
L’accorderie pourrait bien donner à la mixité un peu plus de réalité.
Faire savoir les savoir-faire des habitants
Avec l’accorderie, il n’y a plus de talent caché. Repassage, gardiennage, cours de gastronomie, de guitare ou d’anglais, couture, peinture, jardinage, bricolage… Toutes ces activités peuvent s’inscrire dans le cadre d’échanges de services au sein d’une telle structure. " Et il y a plus de 900 catégories de services ! " confie, enthousiaste, Madeleine Provencher, responsable du réseau Accorderie au Canada.
Dernier avatar d’une économie qui promeut tant les circuits courts qu’une citoyenneté active, dans un objectif de création de lien social à l’échelle du lieu de vie et de développement d’un modèle de consommation plus collaboratif, l’accorderie s’inspire profondément des systèmes d’échanges locaux et en partie des réseaux sociaux solidaires et du troc. L’échange est non-marchand et repose sur les compétences de chacun.
Le temps, ce n’est pas de l’argent
Les " accordeurs " ne sont en effet pas salariés, pas bénévoles non plus, mais ils n’en sont pas moins rémunérés... en temps ! Une heure de repassage donnée = une heure créditée sur son compte-temps pour recevoir, en échange, un autre service.
Et le système est clairement démocratique et égalitaire, puisque, d’après Madeleine Provencher " il n’y a pas différent niveaux de compétences. Tout le monde est mis sur le même pied d’égalité ". De quoi estimer à leur juste valeur tous types d’activités.
L’expérimentation
C’est Outre-Atlantique, au Canada, qu’est né, au début des années 1990, ce système qui visait, dans un premier temps, à " lutter contre l’exclusion sociale et à favoriser de nouvelles formes de solidarité ". Depuis, l’idée a fait son chemin et des émules, puisque l’accorderie sera bientôt adoptée en France, d’abord à titre expérimental à Paris et à Chambéry, puis peut-être, partout en France.
" On pourrait créer une accorderie dans toutes les collectivités " affirme Alain Philippe, directeur de la fondation MACIF, engagée dans le financement de projets d’innovation sociale. Pour lui qui a importé cette structure, la mixité sociale est bien l’enjeu majeur des accorderies, qui sont par ailleurs un outil pour sortir de la pauvreté des populations fragiles, via l’échange de services, certes, mais surtout en leur redonnant confiance en leurs capacités, leurs savoirs, leurs ambitions.
Les grands principes d’une accorderie
- 1 heure donnée = 1 heure reçue
- Echanges qui reposent sur le temps et non sur l’argent
- Equilibre dans les échanges (on donne, et on reçoit)
- Echange et non bénévolat
Pour plus d’informations sur le concept d’accorderie,
consultez notre actualité " les accorderies débarquent en France "
* Ce qui, à en croire les recherches, apportent des résultats plus que mitigés. Voir notamment " Proximité spatiale et distance sociale. Les grands ensembles et leur peuplement " (J-C Chamboredon ; Madeleine Lemaire)
- partage de services, source : revueds.ca
Commentaires
1 28 juin 2011 à 10h37 par Mia
Très bon concept ! Une seule question cependant : où est le rapport entre cette forme de troc et la mixité sociale en question ? Certes, de tels échanges renforcent les relations entre voisins mais en quoi cela serait-il spécifique aux résidences mêlant des personnes de différents niveaux de revenus ?
2 28 juin 2011 à 11h15 par sinclair
Pour ma part je pense que le concept même ne fonctionne que s'il y a mixité sociale...
S'il n'y a pas de gens qui ont des compétences intellectuelles (pour la formation ou les cours de soutien aux enfants), d'autres manuelles (bricolage, réparation, jardinage, ménage), d'autres plus créatives (cuisines, coiffure, couture...) alors celà ne fonctionnera pas et les gens qui se retrouvant entre mêmes profils ne s'apportent au final que des choses assez anecdotiques... la vraie valeur ajoutée de ce "troc" est bien dans la différence...
3 29 juin 2011 à 10h48 par Sébastien Lévrier
Je n'ai pas grand chose à ajouter par rapport à la réponse de Sinclair, merci pour cette intervention :) Attention cependant, l'accorderie n'est en rien spécifique à un groupe de résidences. Elle peut se mettre en place au sein d'un arrondissement entier (comme à Paris) ou au sein d'une collectivité entière (comme à Chambéry) selon la densité humaine. Pour développer l'offre, elle nécessite d'associer différents profils disposant de plusieurs compétences. On pourrait parler de "mieux vivre ensemble" plutôt que de mixité sociale, mais cela reviendrait un peu au même, puisque l'un est souvent l'objectif de l'autre et vice-versa.