Les écoquartiers, fragments de la ville durable ? (1/3)
Des quartiers réservés ?
Si le but des éco-quartiers est bien d’appliquer localement les préceptes du développement urbain durable qui ont vocation à se généraliser, cela soulève un ensemble de questions. En effet, la création d’une zone à part, d’un fragment urbain, pose le problème de son rapport et de son intégration au reste de la ville.
Et son efficacité dans la promotion du développement durable doit aussi être interrogée.
Ainsi on peut remarquer qu’à cause du processus même d’élaboration (création d’un quartier ex nihilo), les difficultés sont grandes pour recréer une continuité avec le reste du tissu urbain. Cette différenciation, recherchée au cours du projet (autres normes, autres formes, autre vie sociale), est à l’origine d’un phénomène de rupture avec le reste de la ville. On fabrique un morceau de " ville durable " qui ne fonctionne pas du tout comme son environnement urbain. Par exemple, à Fribourg en Brisgau, les deux éco-quartiers de Rieselfeld et Vauban sont particulièrement bien reliés au cœur de la ville par un système de tramway efficace, mais on constate que les mobilités ne se font que dans un sens : les habitants de ces zones se rendent dans le centre facilement, mais les habitants d’autres quartiers ne viennent pas dans ces nouvelles zones urbaines. La diffusion des pratiques et la qualité des équipements et du cadre de vie ne profite donc qu’aux populations résidentes sans que leurs effets se diffusent réellement dans toute l’agglomération. De fait, on constate que cela aboutit à la formation d’un quartier " réservé ".
De plus, les surcoûts qu’implique l’éco-construction ont un effet sur la sélection de ces populations : les éco-quartiers sont finalement homogènes du point de vue social, et l’objectif explicite de mixité est loin d’être une réalité (quelle que soit par ailleurs sa légitimité). C’est pourquoi ces quartiers prennent un air de " fragment de ville favorisé " qui a son mode de fonctionnement propre (cadre de vie, qualité environnementale, services adaptés). L’accès de tous à ce projet est une illusion.
Et cela a une influence directe sur le lien avec les autres quartiers de la ville et sur la pertinence de cette échelle d’action. On s’aperçoit que les bénéfices de ce type de projet sont finalement très localisés dans la zone même de l’éco-quartier, les externalités attendues sur le reste de la ville sont très limitées.
A suivre...
Si le but des éco-quartiers est bien d’appliquer localement les préceptes du développement urbain durable qui ont vocation à se généraliser, cela soulève un ensemble de questions. En effet, la création d’une zone à part, d’un fragment urbain, pose le problème de son rapport et de son intégration au reste de la ville.
Et son efficacité dans la promotion du développement durable doit aussi être interrogée.
Ainsi on peut remarquer qu’à cause du processus même d’élaboration (création d’un quartier ex nihilo), les difficultés sont grandes pour recréer une continuité avec le reste du tissu urbain. Cette différenciation, recherchée au cours du projet (autres normes, autres formes, autre vie sociale), est à l’origine d’un phénomène de rupture avec le reste de la ville. On fabrique un morceau de " ville durable " qui ne fonctionne pas du tout comme son environnement urbain. Par exemple, à Fribourg en Brisgau, les deux éco-quartiers de Rieselfeld et Vauban sont particulièrement bien reliés au cœur de la ville par un système de tramway efficace, mais on constate que les mobilités ne se font que dans un sens : les habitants de ces zones se rendent dans le centre facilement, mais les habitants d’autres quartiers ne viennent pas dans ces nouvelles zones urbaines. La diffusion des pratiques et la qualité des équipements et du cadre de vie ne profite donc qu’aux populations résidentes sans que leurs effets se diffusent réellement dans toute l’agglomération. De fait, on constate que cela aboutit à la formation d’un quartier " réservé ".
De plus, les surcoûts qu’implique l’éco-construction ont un effet sur la sélection de ces populations : les éco-quartiers sont finalement homogènes du point de vue social, et l’objectif explicite de mixité est loin d’être une réalité (quelle que soit par ailleurs sa légitimité). C’est pourquoi ces quartiers prennent un air de " fragment de ville favorisé " qui a son mode de fonctionnement propre (cadre de vie, qualité environnementale, services adaptés). L’accès de tous à ce projet est une illusion.
Et cela a une influence directe sur le lien avec les autres quartiers de la ville et sur la pertinence de cette échelle d’action. On s’aperçoit que les bénéfices de ce type de projet sont finalement très localisés dans la zone même de l’éco-quartier, les externalités attendues sur le reste de la ville sont très limitées.
A suivre...