À Bruxelles, les habitants cultivent leurs quartiers (1/3)
Depuis 2008, l’appel à projets « quartiers durables » récompense, tous les ans, 5 quartiers bruxellois. L’objectif est d’inciter les habitants du quartier à se mobiliser autour des enjeux du développement durable et de les aider à mener à bien leurs projets : gestion des déchets, transformation de vieilles friches, cohésion sociale... Peu importe pourvu que ce soit collectif. Au total, 15 quartiers de ce type ont vu le jour et après une prise de recul en 2011, 5 nouveaux projets seront lancés l’année prochaine.
En 2008, le quartier de Helmet, au nord de Bruxelles Capitale, est l’un des premiers à avoir tenté cette aventure très ‘bottom-up’. « Nous avons convaincu la région par notre dynamisme et notre capacité de mobilisation » explique Olivier, membre du « groupe-pilote » des habitants à l’initiative du projet. Concrètement, Bruxelles Environnement (l’administration de l’environnement et de l’énergie de la région Bruxelles-Capitale) met à disposition des projets lauréats, pendant un an, un animateur, un suivi de coordination, des activités de sensibilisation et de formation (réduction des émissions de CO2, visite d’une station d’épuration, audit énergétique d’un bâtiment public...) et un budget de 12 500 € pour les projets d’intérêt collectif proposés par les habitants. À Helmet, un jardin partagé a ainsi remplacé un terrain en friches. Les fruits et légumes récoltés sont dégustés collectivement durant les activités ou les fêtes du quartier.
Certes, l’accompagnement ne dure qu’un an, mais un suivi allégé est prévu pour la suite et l’essentiel est d’enclencher la dynamique. « Le plus marquant, ce sont les liens qui se tissent entre habitants » indique Catherine de Zuttere, du centre d’études et recherches urbaines. Trois ans après sa création, le quartier du Helmet reste d’ailleurs très actif : jardin partagé mais aussi compost collectif, achats groupés de produits de l’agriculture paysanne, système de dons et d’échanges de biens et services... Le tout sans financement de la région : « nous avons eu beaucoup de mal à dépenser les 12 500 €, s’amuse Olivier, nos activités sont basées sur le volontariat, l’échange, la récupération ».
Une interrogation subsiste néanmoins : les quartiers durables sont-ils, comme ils le prétendent, un lieu de mixité socioculturelle ? Pour une bonne partie de la population, souvent la plus défavorisée, l’enjeu du développement durable peut en effet paraître secondaire. 300 personnes seulement sont abonnées à la newsletter du projet de Helmet alors que le quartier totalise près de 15.000 habitants ! « Pour le moment, cela fonctionne surtout dans les quartiers de bobos, de bourgeois ou de retraités déjà sensibilisés à ces questions, confirme Catherine de Zuttere, mais les quartiers en sont conscients et beaucoup d’initiatives visent à rencontrer un public plus large ». À Helmet, les activités sont ouvertes et gratuites et le projet regroupe des associations de jeunes, des maisons de quartiers, des écoles... Pour Olivier, c’est là un élément incontournable : « proposer des activités aux enfants de milieux plus défavorisés est un bon moyen pour rencontrer leurs familles ». C’est aussi une façon d’assurer la relève : « on a besoin des jeunes si l’on veut que le projet soit durable ! »
Pour en savoir plus :
Bruxelles Environnement
Quartier durable Helmet
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Bruxelles Environnement
Quartier durable Helmet
- Source – Antoine Bazantay
- Source – Antoine Bazantay
- Source – Antoine Bazantay