Conscients des limites d’un modèle urbain extensif, banalisant et peu identitaire, les élus de petites villes souhaitent développer des projets d’écoquartier sur leur territoire. L’appel à projet écoquartier 2011 confirme cette tendance. En effet, le nombre de petites villes à candidater a connu une évolution nettement positive. Mais malheureusement, le risque est bien présent de  considérer « l’écoquartier » davantage comme objet de marketing urbain et de source de fierté et d’accomplissement pour les élus qui en sont à l’initiative. Il est en effet dommageable que l’écoquartier soit  un combat de coq et qu’il devienne par conséquent «le COQ.. artier » !

Un écoquartier a pour objectif une meilleure prise en compte des aspects environnementaux (préservation des espaces naturels, gestion de l’eau pluviale, biodiversité…). Mais il ne suffit pas d’aménager un espace vert, des noues ou un bassin de rétention pour qualifier le quartier d’ « écoquartier ». Le préfixe eco est souvent employé de manière abusive.

Le problème réside souvent dans l’appréhension des élus à proposer des formes urbaines nouvelles et impulser de nouveaux modes de vie. De ce fait, ils se tiennent à préserver le modèle spatial du lotissement et à y rajouter des « pastiches» d’urbanisme durable. La communication déployée sur ces projets est elle-aussi très orientée mettant en avant des images incarnant un nouvel eldorado (un peu surfait parfois !) et usant de slogans toujours plus accrocheurs. Suffit-il de verdir les projets urbains pour en faire des écoquartiers ? Est-ce que le projet en définitive est fidèle à cette image de départ ? Pas toujours effectivement ! De nouveaux quartiers développent des principes intéressants ; certains ont pu mettre en place des réseaux de chaleur. Malheureusement la densité bâtie étant trop faible, l’efficacité d’un tel équipement s’en est trouvée amoindrie du fait des pertes d’énergie en ligne considérables. Les intentions sont parfois bonnes  mais peuvent présenter quelques incohérences ! Au même titre, considérer un quartier écologique en 2012 parce qu’il accueille des maisons BBC semble être de moins en moins pertinent. Le niveau BBC étant règlementaire en 2012, il ne saurait suffire à justifier aujourd’hui une démarche d’écoquartier (ça l’était il y a 2 ou 3 ans mais plus aujourd’hui).

L’on a vu les dérives à considérer de manière abusive toute opération urbaine comme étant un écoquartier. Notons tout de même un autre phénomène. En effet, certains élus redoutent de s’engager dans de tels projets ou en tout cas, de communiquer sur  la qualité « éco » de leur nouveau quartier. En effet, ils ne recherchent pas l’exemplarité de peur d’être trop visités, questionnés à l’instar d’autres projets réalisés qu’ils considèrent parfois comme un laboratoire d’architecture et d’écoconstruction. Ils ne veulent pas viser trop haut de peur que la réalité ne soit finalement pas à la hauteur de leurs ambitions initiales.

Avant tout, un nouveau quartier s’inscrit dans un contexte spécifique auquel il doit s’adapter et s’inscrire. « Ecoquartier,  effet de mode » ? la réponse est non. Il n’est pas envisageable de considérer l’écoquartier comme un objet standardisé et transposable. Parce qu’il est spécifique, il donne une réponse particulière et adaptée à un territoire et à des attentes locales. Un même projet pourra être très innovant pour un territoire donné et pas pour l’autre. Ainsi l’écoquartier se justifie davantage par l’amélioration d’un existant. C’est bien cela qu’il faut identifier.

à suivre...