Sans l’implication des citoyens, des pouvoirs locaux et du tissu associatif, point de cohérence territoriale pour le développement durable. C’est tout l’enjeu de l’« Agenda 21 local ». Aperçu de la situation bruxelloise.

L’année 2012 sera marquée par l’événement « RIO+20 » en juin, sommet de la terre à Rio de Janeiro 20 ans après l’adoption du programme « Action 21 ». À l’époque, 173 pays adoptent le programme qui comprend un ensemble de propositions (santé, logement, pollution de l’air, gestion de l’eau, des déchets...) pour « s’orienter vers un modèle de développement durable de la planète ». Objectif louable, mais peu effectif à une telle échelle.
Localement donc, l’Agenda 21 se décline en Agendas 21 locaux.

Chaque quartier, chaque rue, chaque citoyen

Un Agenda 21 local est un « plan d’action que s’impose un pouvoir local pour mener à bien une gestion durable (protection de l’environnement, dynamisme économique et équité sociale) de son administration, de son territoire et de ses citoyens » indique Pascale Alaime, responsable Agenda 21 à Bruxelles Environnement. Depuis 2007, la Région bruxelloise lance chaque année un appel à projets qui permet aux communes et CPAS (Centre public d’action sociale) sélectionnés d’obtenir un soutien financier de 50.000 euros par an pendant 3 ans et un soutien méthodologique pour mettre en place leur Agenda. Il s’agit en premier lieu d’améliorer la gouvernance administrative et d’associer les acteurs locaux. « Le développement durable, ça se travaille dans les quartiers, dans chaque rue, chez chaque citoyen » explique Evelyne Huytebroeck, ministre bruxelloise de l’Environnement. Aujourd’hui, 16 communes et 7 CPAS bruxellois sont engagés dans de tels projets, mais seules 7 entités sont véritablement entrées dans la phase de concrétisation.

Jardiner à Bruxelles ?


Car la réalisation d’un Agenda 21 local comporte plusieurs passages obligés : diagnostic préalable, concertation des différents acteurs et rédaction d’un programme d’actions concertées impliquant toutes les parties prenantes. Pour mettre en place son plan d’action, la commune bruxelloise d’Etterbeek a organisé des ateliers participatifs. Habitants, usagers, élus, agents communaux, commerçants, et associations ont été invités à mettre leurs idées en commun. Sur les 310 actions proposées, le collège communal en a sélectionné 45, réparties en 14 thématiques (1). Le long des voies du RER, un jardin participatif a ainsi remplacé un vieux terrain en friches. Tous les mercredis matins, un jardinier à la retraite donne des cours de jardinage aux habitants du quartier qui le souhaitent, raconte Judith Charlier, éco-conseillère de la commune. Marché bio, poubelles sélectives, citernes de récupération d’eau de pluie, réhabilitation de logements... L’Agenda 21 local d’Etterbeek est riche et varié.

Un concept encore flou


Reste à associer l’ensemble de la population à ces thématiques. Car les habitants qui s’investissent dans les programmes sont souvent des convaincus a priori. Les Agenda 21 permettent aussi de créer une dynamique dans les administrations communales – 4 communes ont d’ores et déjà pérennisé un poste de conseiller en développement durable – mais le concept pâtit d’un manque de visibilité. « Les termes ‘développement durable’ et ‘Agenda 21’ sont très technocratiques, regrette Philippe Mertens, conseiller développement durable de l’association de la ville et des communes de la région de Bruxelles-Capitale, il nous faudrait un concept plus lisible, plus séduisant ».

Bruxelles 2040 ? Bruxelles 2.0 ? Grand Bruxelles ?
En réalité, le terme d’Agenda pour le 21ème siècle a perdu de son sens. Or, un Agenda 21 est tout simplement un projet de territoire, un travail de prospective qui se traduit par des actions concrètes en matière de politiques publiques. Une démarche d’Agenda 21 est intimement liée aux projets d’aménagement en cours et à venir sur un territoire, elle doit faire partager des visions sur la ville et les modes de vie du futur.


(1) Espaces verts et biodiversité, Energie, Alimentation durable, Déchets et propreté, Participation, Mobilité, Culture, Santé, Gestion durable, Urbanisme et logement, Cohésion sociale, Economie locale, Solidarité internationale, Exemplarité de l’administration communale.