Vers un « label EcoQuartier (3/3)
24/02/2012 - Paul-Antoine LECUYER
Quel modèle pour quel(s) écoquartier(s) ?
En cette année d’élaboration du « Label EcoQuartier » par le MEDDTL, et suite aux appels à projets de 2009 et de 2011, la notion d’écoquartier fait l’objet de beaucoup d’articles, de publications, et plus généralement anime les débats autour de la qualité des projets d’aménagement.
C’est vrai qu’il est des termes qui marquent une époque, et celui d’« écoquartier » aura marqué le monde de l’urbanisme français durant les années 2000.
S’appuyant sur quelques expériences innovantes de l’Europe du Nord, la notion d’écoquartier s’est très largement diffusée auprès des acteurs de l’aménagement, au point qu’un grand nombre de projets d’aménagement s’en réclament aujourd’hui (près de 400 dossiers reçus par le ministère pour l’appel à projets 2011). En parallèle, les questions de performance énergétique des bâtiments, auxquelles se résument les projets d’écoquartiers les moins ambitieux, sont très vite devenues la norme avec l’évolution de la réglementation thermique.
Certains parlent alors d’un concept obsolète, utilisé de façon abusive dans tous les projets d’aménagement. Le terme « éco-quartier » est devenu une sorte de sésame de marketing territorial, comme si tout projet une fois auto-baptisé écoquartier se justifiait de lui-même. L’écoquartier est aujourd’hui banalisé (ringardisé ? voir ici ou là). Les projets qui ont fait l’objet d’une communication importante, comme l’écoquartier de la Caserne de Bonne (lauréat de l’appel à projet 2009), sont aujourd’hui l’objet de critiques sur les niveaux de performance réellement atteints en phase de vie des aménagements.
Il est alors depuis quelques années de nombreuses formulations qui tentent de renouveler la pensée face à un concept devenu réducteur :
L’écoquartier ne doit pas se résumer à une question de performance technique. Mais l’urbanisme peut-il faire autre chose que des réseaux et des boîtes vides (même très performants). Est-il possible d’anticiper, de susciter, voire d’organiser des usages qui nous « guideraient » vers un mode de vie durable, vers des usages « vertueux » ?
Cette approche renvoie en réalité à des idées simples ayant des conséquences complexes en matière d’aménagement. Par exemple, l’optimisation des ressources naturelles (énergie, eau, matériaux, déchets, etc.), n’a d’impact et de sens que si elle modifie nos comportements. Or la question de l’appropriation par les usagers renvoie ici à l’organisation d’une ville des proximités : non seulement par l’accessibilité de services et d’équipements, mais également pour la gestion des réseaux, l’utilisation et l’entretien des espaces, etc. Cette conception relativement simple de maîtrise locale des impacts des aménagements renvoie souvent à une difficulté de distinguer clairement dans les projets la propriété des espaces et la responsabilité des personnes dans la gestion.
L’écoquartier doit donc être un projet qui détermine les montages juridiques et opérationnels permettant de « libérer les usages » (Roland Castro) et d’organiser la « ville pantoufle » (Philippe Madec) pour permettre le maintien des ambitions initiales de développement durable.
Pierre Kermen, l’un des porteurs politiques du projet De Bonne à Grenoble, soulignait que « le projet n’était pas un objectif, mais une base pour les quartiers de demain » (voir Imaginer un quartier durable)
Nous y voilà.
En cette année d’élaboration du « Label EcoQuartier » par le MEDDTL, et suite aux appels à projets de 2009 et de 2011, la notion d’écoquartier fait l’objet de beaucoup d’articles, de publications, et plus généralement anime les débats autour de la qualité des projets d’aménagement.
C’est vrai qu’il est des termes qui marquent une époque, et celui d’« écoquartier » aura marqué le monde de l’urbanisme français durant les années 2000.
S’appuyant sur quelques expériences innovantes de l’Europe du Nord, la notion d’écoquartier s’est très largement diffusée auprès des acteurs de l’aménagement, au point qu’un grand nombre de projets d’aménagement s’en réclament aujourd’hui (près de 400 dossiers reçus par le ministère pour l’appel à projets 2011). En parallèle, les questions de performance énergétique des bâtiments, auxquelles se résument les projets d’écoquartiers les moins ambitieux, sont très vite devenues la norme avec l’évolution de la réglementation thermique.
Certains parlent alors d’un concept obsolète, utilisé de façon abusive dans tous les projets d’aménagement. Le terme « éco-quartier » est devenu une sorte de sésame de marketing territorial, comme si tout projet une fois auto-baptisé écoquartier se justifiait de lui-même. L’écoquartier est aujourd’hui banalisé (ringardisé ? voir ici ou là). Les projets qui ont fait l’objet d’une communication importante, comme l’écoquartier de la Caserne de Bonne (lauréat de l’appel à projet 2009), sont aujourd’hui l’objet de critiques sur les niveaux de performance réellement atteints en phase de vie des aménagements.
Il est alors depuis quelques années de nombreuses formulations qui tentent de renouveler la pensée face à un concept devenu réducteur :
- soit par des expressions qui s’opposent à la notion d’écoquartier perçue comme trop centrée sur les questions de qualité environnementale : quartier durable, bio-îlot, quartier désirable, etc.
- soit par une réflexion élargie à une échelle plus large (ville durable, ville frugale, ville lente, ville en transition, etc.) en conservant d’ailleurs parfois le préfixe « éco » (écohameau, écovillage, écocité, etc.).
L’écoquartier ne doit pas se résumer à une question de performance technique. Mais l’urbanisme peut-il faire autre chose que des réseaux et des boîtes vides (même très performants). Est-il possible d’anticiper, de susciter, voire d’organiser des usages qui nous « guideraient » vers un mode de vie durable, vers des usages « vertueux » ?
Cette approche renvoie en réalité à des idées simples ayant des conséquences complexes en matière d’aménagement. Par exemple, l’optimisation des ressources naturelles (énergie, eau, matériaux, déchets, etc.), n’a d’impact et de sens que si elle modifie nos comportements. Or la question de l’appropriation par les usagers renvoie ici à l’organisation d’une ville des proximités : non seulement par l’accessibilité de services et d’équipements, mais également pour la gestion des réseaux, l’utilisation et l’entretien des espaces, etc. Cette conception relativement simple de maîtrise locale des impacts des aménagements renvoie souvent à une difficulté de distinguer clairement dans les projets la propriété des espaces et la responsabilité des personnes dans la gestion.
L’écoquartier doit donc être un projet qui détermine les montages juridiques et opérationnels permettant de « libérer les usages » (Roland Castro) et d’organiser la « ville pantoufle » (Philippe Madec) pour permettre le maintien des ambitions initiales de développement durable.
Pierre Kermen, l’un des porteurs politiques du projet De Bonne à Grenoble, soulignait que « le projet n’était pas un objectif, mais une base pour les quartiers de demain » (voir Imaginer un quartier durable)
Nous y voilà.
- La « Roue de Madec » - source : Pilippe Madec
- « Libérer les usages » - source : Castro/Nexity