La ville en mouvement (1/4)
12/04/2012 - Paul-Antoine LECUYER
« Nos mouvements façonnent la ville »
Serions-nous à l’aube d’une nouvelle ère dans la manière dont la mobilité façonne nos villes et nos modes de vie ? Face à la raréfaction des énergies fossiles, aux enjeux de l’étalement urbain, à la nécessité d’une plus grande mixité fonctionnelle, le rôle des infrastructures se transforme. Pour Jean-Marie Duthilleul, « architecte des gares » et commissaire de l’exposition « Circuler » à la Cité Chaillot, l’hégémonie de la vitesse incarnée par la voiture et l’avion serait aujourd’hui mise à mal.
Dans l’histoire des villes, l’apparition des véhicules motorisés est récente. Dans un premier temps le train (et le tram) ont donné une autre dimension à la grande échelle, à la perception discontinue de l’espace terrestre. Puis au 20ème siècle, les transports mécaniques envahissent la ville et génèrent eux-mêmes un urbanisme qui transforme nos modes de vie. L’avènement de la voiture particulière a en effet accompagné le développement de la « ville moderne ». Dans la Charte d’Athènes l’automobile tient un rôle de premier rang quant au mode de vie défendu : « Ce qui était admissible et même admirable au temps des piétons et des carrosses peut être devenu actuellement une source de troubles constants ». La « ville éclatée » est divisée par fonctions (habiter, travailler, se divertir) et l’objectif est de garantir un temps de circulation le plus court possible entre les zonages urbains. Cette vision rationaliste de l’urbanisme au service de l’efficacité automobile a marqué en un temps record l’organisation des villes, les infrastructures routières de transport permettant de consommer de l’espace sans limite. Parmi les autres conséquences majeures, l’espace public est aujourd’hui en grande partie conçu et occupé par l’usage de l’automobile.
La réalité aujourd’hui est que cette organisation des transports rompt le lien entre les gens et crée des déplacements de plus en plus longs. La mobilité est subie, elle est déconnectée de la ville, le temps de déplacements est une forme de parenthèse obligée pour aller d’un point A à un point B.
De nombreux observateurs de la ville soulignent un changement majeur dans les politiques d’urbanisme actuelles. En milieu urbain, les infrastructures de transport ne seraient plus pensées comme un support neutre de déplacements des personnes et des marchandises, comme un lieu condamné à son usage unique « transporter », mais intégrée à la ville comme une entité participant à l’intensité urbaine.
Aujourd’hui, la recherche d’une « ville recomposée » tendrait à un réinventer une urbanité qui rééquilibre la place des transports et le rôle des infrastructures associées. Les équipements de types gares ou stations deviennent des lieux majeurs d’intensité de la ville, la rue n’est plus uniquement une route, les aéroports deviennent eux-mêmes des "villes".
Les usages associés aux infrastructures de transport, notamment de transports en commun, s’enrichissent profondément pour retrouver la finalité des villes d’être des lieux de rencontres, et pas uniquement des lieux de passage. Les équipements et les espaces permettant de mouvoir tendent à rééquilibrer le rapport de force entre l’échelle de l’humain et celle de la mécanique.
A toutes les échelles de l’aménagement, cette réflexion interroge sur le rôle des espaces publics. Dans les projets d’écoquartiers par exemple, la place de la voiture individuelle est souvent limitée, ou partagée, pour libérer des espaces propices à d’autres usages. Les concepts de ville lente ou ville pantoufle sont mis en avant, avec une réflexion à l’échelle du piéton sur les espaces et services de proximité.
A travers l’analyse de lieux emblématiques de la ville, les prochains billets de cette série décortiqueront les opérations exemplaires :
Serions-nous à l’aube d’une nouvelle ère dans la manière dont la mobilité façonne nos villes et nos modes de vie ? Face à la raréfaction des énergies fossiles, aux enjeux de l’étalement urbain, à la nécessité d’une plus grande mixité fonctionnelle, le rôle des infrastructures se transforme. Pour Jean-Marie Duthilleul, « architecte des gares » et commissaire de l’exposition « Circuler » à la Cité Chaillot, l’hégémonie de la vitesse incarnée par la voiture et l’avion serait aujourd’hui mise à mal.
Dans l’histoire des villes, l’apparition des véhicules motorisés est récente. Dans un premier temps le train (et le tram) ont donné une autre dimension à la grande échelle, à la perception discontinue de l’espace terrestre. Puis au 20ème siècle, les transports mécaniques envahissent la ville et génèrent eux-mêmes un urbanisme qui transforme nos modes de vie. L’avènement de la voiture particulière a en effet accompagné le développement de la « ville moderne ». Dans la Charte d’Athènes l’automobile tient un rôle de premier rang quant au mode de vie défendu : « Ce qui était admissible et même admirable au temps des piétons et des carrosses peut être devenu actuellement une source de troubles constants ». La « ville éclatée » est divisée par fonctions (habiter, travailler, se divertir) et l’objectif est de garantir un temps de circulation le plus court possible entre les zonages urbains. Cette vision rationaliste de l’urbanisme au service de l’efficacité automobile a marqué en un temps record l’organisation des villes, les infrastructures routières de transport permettant de consommer de l’espace sans limite. Parmi les autres conséquences majeures, l’espace public est aujourd’hui en grande partie conçu et occupé par l’usage de l’automobile.
La réalité aujourd’hui est que cette organisation des transports rompt le lien entre les gens et crée des déplacements de plus en plus longs. La mobilité est subie, elle est déconnectée de la ville, le temps de déplacements est une forme de parenthèse obligée pour aller d’un point A à un point B.
De nombreux observateurs de la ville soulignent un changement majeur dans les politiques d’urbanisme actuelles. En milieu urbain, les infrastructures de transport ne seraient plus pensées comme un support neutre de déplacements des personnes et des marchandises, comme un lieu condamné à son usage unique « transporter », mais intégrée à la ville comme une entité participant à l’intensité urbaine.
Aujourd’hui, la recherche d’une « ville recomposée » tendrait à un réinventer une urbanité qui rééquilibre la place des transports et le rôle des infrastructures associées. Les équipements de types gares ou stations deviennent des lieux majeurs d’intensité de la ville, la rue n’est plus uniquement une route, les aéroports deviennent eux-mêmes des "villes".
Les usages associés aux infrastructures de transport, notamment de transports en commun, s’enrichissent profondément pour retrouver la finalité des villes d’être des lieux de rencontres, et pas uniquement des lieux de passage. Les équipements et les espaces permettant de mouvoir tendent à rééquilibrer le rapport de force entre l’échelle de l’humain et celle de la mécanique.
A toutes les échelles de l’aménagement, cette réflexion interroge sur le rôle des espaces publics. Dans les projets d’écoquartiers par exemple, la place de la voiture individuelle est souvent limitée, ou partagée, pour libérer des espaces propices à d’autres usages. Les concepts de ville lente ou ville pantoufle sont mis en avant, avec une réflexion à l’échelle du piéton sur les espaces et services de proximité.
A travers l’analyse de lieux emblématiques de la ville, les prochains billets de cette série décortiqueront les opérations exemplaires :
- la gare
- les berges
- la rue et les places de centre-ville
À SUIVRE...