L’aménagement urbain durable comme opportunité d’innovation
14/06/2012 - Rebecca PINHEIRO-CROISEL
L’actuel foisonnement des projets d’aménagement urbain, la construction de la doctrine de l’État autour de la ville durable et les nouvelles exigences du marché posent la question de la conception d’un objet non maîtrisé, voire inconnu : l’éco-quartier. Nous observons que les donneurs d’ordre (maîtrise d’ouvrage), face à la charge qui est la leur, à savoir fixer les objectifs d’un projet urbain et définir leurs seuils de performance notamment en terme de soutenabilité, se retrouvent pour la plupart démunis. Durant la genèse d’un projet du type éco-quartier (le programme), ces maîtres d’ouvrage se voient attribuer une activité de préconception qui doit à la fois définir la valeur de l’«objet» et identifier les connaissances et compétences associées à ce nouvel «objet» à concevoir.
La plupart de ces acteurs/concepts, malgré de nombreux RETEX des projets d’éco-quartier, partent de zéro, les outils de conception pour ces projets d’aménagement urbain durable n’étant pas encore stabilisés (encore faut-il aussi reconnaître le besoin de ces outils) et les protocoles d’évaluation n’étant pas encore totalement connus. Sachant qu’un projet de ce type doit apporter une qualité effective pour les habitants et les usagers tout en répondant et en s’inscrivant dans les priorités et les besoins territoriaux, en comprenant des objets de performance vis-à-vis de l’empreinte écologique, la question du processus de sa conception devient centrale.
Afin de contribuer à la fluidité de ce processus de conception et de lui donner les conditions nécessaires pour l’émergence de l’innovation, outiller les acteurs créateurs du projet paraît être une voie intéressante à explorer. Le cheminement de la production de ces outils de pilotage de projet et de conception d’un objet très complexe représente même une opportunité d’innovation.
L’efficacité de la construction et le déploiement des outils de pilotage de la conception de projets urbains durables ont été observés, par exemple, dans le cadre du projet d’éco-quartier Grand Large. L’organisation de l’action collective par la communauté urbaine de Dunkerque (avec des acteurs inattendus), ainsi que l’ouverture de champs d’exploration par cette dernière en créant des « concepts clés », et non des cahiers des charges figés dans la phase de programmation, a produit un modèle organisationnel innovant (« Triangle magique » entre la CUD, le groupement bailleurs-promoteurs et l’architecte-urbaniste) et par là même un modèle juridico-économique innovant (contractualisation de la performance attendue et clés de financement pour la mixité sociale).
L’usage des outils de gestion peut être cependant dangereux dans le cadre d’un projet urbain, notamment pendant la conception d’un éco-quartier. Un bon exemple est illustré par l’utilisation d’un référentiel d’évaluation comme base de construction d’un cahier des charges. Cela peut notamment éloigner le projet de morceaux de ville de ses caractéristiques fondamentales, comme son ancrage territorial et son rayonnement dans la ville.
Les outils de conception innovante pour un projet d’éco-quartier constituent une opportunité d’innovation technologique, ou encore des pratiques lorsque ce projet trouve sa place dans son territoire, constituant un puzzle dans la ville. Il ne s’agira pas de concevoir un confetti agaçant pour la ville, mais un quartier alternatif aux problématiques sociétales à l’échelle locale et écologiquement équitable pour la planète (une alternative à l’étalement urbain, par exemple). À observer de près l’émergence de 600 éco-quartiers en France, nous pouvons reconnaître que la problématique de l’aménagement urbain durable n’est pas seulement une question de mise au point de nouvelles solutions technologiques ou de réponses politiques. Il s’agit aussi de pouvoir organiser l’action collective, d’outiller (à la fois en modèles et en connaissances) les acteurs donneurs d’ordres, les concepteurs, les gestionnaires, les utilisateurs même, afin que l’innovation équitable puisse émerger et être transférable, devenant ainsi générique.
Nous devons envisager que les éco-quartiers puissent être un chemin, un processus d’apprentissage pour la construction, morceau par morceau, d’une ville qui répond et qui anticipe les changements sociétaux qui se dévoilent actuellement sous nos yeux.
La plupart de ces acteurs/concepts, malgré de nombreux RETEX des projets d’éco-quartier, partent de zéro, les outils de conception pour ces projets d’aménagement urbain durable n’étant pas encore stabilisés (encore faut-il aussi reconnaître le besoin de ces outils) et les protocoles d’évaluation n’étant pas encore totalement connus. Sachant qu’un projet de ce type doit apporter une qualité effective pour les habitants et les usagers tout en répondant et en s’inscrivant dans les priorités et les besoins territoriaux, en comprenant des objets de performance vis-à-vis de l’empreinte écologique, la question du processus de sa conception devient centrale.
Afin de contribuer à la fluidité de ce processus de conception et de lui donner les conditions nécessaires pour l’émergence de l’innovation, outiller les acteurs créateurs du projet paraît être une voie intéressante à explorer. Le cheminement de la production de ces outils de pilotage de projet et de conception d’un objet très complexe représente même une opportunité d’innovation.
L’efficacité de la construction et le déploiement des outils de pilotage de la conception de projets urbains durables ont été observés, par exemple, dans le cadre du projet d’éco-quartier Grand Large. L’organisation de l’action collective par la communauté urbaine de Dunkerque (avec des acteurs inattendus), ainsi que l’ouverture de champs d’exploration par cette dernière en créant des « concepts clés », et non des cahiers des charges figés dans la phase de programmation, a produit un modèle organisationnel innovant (« Triangle magique » entre la CUD, le groupement bailleurs-promoteurs et l’architecte-urbaniste) et par là même un modèle juridico-économique innovant (contractualisation de la performance attendue et clés de financement pour la mixité sociale).
L’usage des outils de gestion peut être cependant dangereux dans le cadre d’un projet urbain, notamment pendant la conception d’un éco-quartier. Un bon exemple est illustré par l’utilisation d’un référentiel d’évaluation comme base de construction d’un cahier des charges. Cela peut notamment éloigner le projet de morceaux de ville de ses caractéristiques fondamentales, comme son ancrage territorial et son rayonnement dans la ville.
Les outils de conception innovante pour un projet d’éco-quartier constituent une opportunité d’innovation technologique, ou encore des pratiques lorsque ce projet trouve sa place dans son territoire, constituant un puzzle dans la ville. Il ne s’agira pas de concevoir un confetti agaçant pour la ville, mais un quartier alternatif aux problématiques sociétales à l’échelle locale et écologiquement équitable pour la planète (une alternative à l’étalement urbain, par exemple). À observer de près l’émergence de 600 éco-quartiers en France, nous pouvons reconnaître que la problématique de l’aménagement urbain durable n’est pas seulement une question de mise au point de nouvelles solutions technologiques ou de réponses politiques. Il s’agit aussi de pouvoir organiser l’action collective, d’outiller (à la fois en modèles et en connaissances) les acteurs donneurs d’ordres, les concepteurs, les gestionnaires, les utilisateurs même, afin que l’innovation équitable puisse émerger et être transférable, devenant ainsi générique.
Nous devons envisager que les éco-quartiers puissent être un chemin, un processus d’apprentissage pour la construction, morceau par morceau, d’une ville qui répond et qui anticipe les changements sociétaux qui se dévoilent actuellement sous nos yeux.