L’approche énergétique ne saurait se limiter à l’échelle du bâtiment et de son usage, mais doit bien prendre en compte l’ensemble de l’aménagement urbain afin de minimiser l’impact des ilots de chaleur, des transports et d’optimiser l’utilisation d’énergie par la mise en œuvre de dispositifs tels que les réseaux de chaleur.

A ce titre, l’effort de conception à l’échelle du quartier commence dès le plan masse avec le recours à un éventail d’outils élargi : le diagnostic climatique et bioclimatique, la simulation thermique dynamique, la modélisation des vents au travers du quartier, l’étude multi-énergies pour orienter les choix sur l’approvisionnement énergétique, l’analyse de cycles de vie pour orienter le choix des matériaux.

Les espaces publics constituent un enjeu majeur dans la réduction de l’énergie grise et se doivent de passer par le prisme d’une approche décarbonée. Une bonne manière de limiter l’énergie grise est d’abord de limiter les surfaces des voiries et revêtements artificialisés, avec une réflexion fonctionnelle à la conception pour mutualiser des espaces pour des activités / fonctions diverses et non simultanées. Ensuite, la limitation des importations ou des exportations de volume de terre et des matériaux existants selon un principe d’écologie industrielle bouclant les flux de matière à l’intérieur du périmètre nécessite une grande anticipation dans le plan masse.

Dans le cas des opérations de déconstruction, on s’efforcera selon le même principe à réutiliser les matériaux issus de cette déconstruction ; cet effort est devenu le 1er Mars 2012 une obligation pour les démolitions de bâtiment de plus de 1000m²... De nombreux matériaux issus du recyclage peuvent être utilisés pour les opérations de terrassement et de VRD. Une bonne manière de réduire l’énergie grise des aménagements est de fixer des obligations d’utilisation à ce type de matériaux dans les cahiers des charges des bureaux d’études VRD pour leur conception, puis dans les cahiers des charges des entreprises de VRD. Cet audit de déconstruction peut s’accompagner d’une mise en valeur sur site du réemploi de matériaux et d’éléments architecturaux par une sensibilisation et une appropriation des usagers – voir Bellastock.

Les gammes de mobilier urbain, tout comme l’éclairage public (l’ADEME estime qu’une commune peut diminuer ses dépenses d’éclairage public de 20 à 40% - 2002), s’inscriront dans une démarche de sobriété énergétique. Outre les économies d’énergie, le recours aux types de mobilier à partir de matériaux recyclés permet de sensibiliser le grand public à l’intérêt du recyclage lorsque l’aspect multi-matériaux est visible.

D’une manière générale, la phase d’entretien et de maintenance des équipements l’espace public va aussi générer des coûts énergétiques qui seront plus ou moins importants en fonction des modalités envisagées pour ces opérations. L’aménagement d’espaces, de systèmes et de matériaux limitant la fréquence d’entretien, favorisant le recyclage en fin de vie est un levier important du « coût global énergétique ».

Les usages liés à l’espace public constituent enfin un enjeu majeur d’un point de vue énergétique, et tout particulièrement si l’on considère les pratiques de mobilité générées par les nouveaux quartiers. L’intégration des bons ratios d’offre de stationnement, la qualité de l’insertion des transports publics et des modes doux dans le projet sont autant de priorités pour le projet urbain si l’on considère leur impact sur les consommations globales.

Pour toutes ces raisons, la consommation d’énergie liée à l’aménagement et au fonctionnement des espaces publics est un sujet qui ne doit pas être considéré comme mineur à côté de la très médiatique problématique de performances des bâtiments.