Il faut cultiver notre jardin urbain (4/6) L’agriculture urbaine : dépense ou investissement ?
Nous avons vu, dans les épisodes précédents, les effets positifs de l’agriculture urbaine, tant au niveau écologique que d’un point de vue social. Mais qu’en est-il de l’économie ? L’agriculture urbaine est-elle rentable, et son cout écologique n’est il pas sous-évalué ? C’est souvent lorsque l’on aborde l’aspect économique que le débat coince, et que les projets d’agriculture en ville se heurtent à un mur.
Bien sur, il s’agit ici de cas extrêmes, rien de comparable en France… Cependant, la question de l’autonomie alimentaire de nos villes ne doit pas pour autant nous laisser indifférent. Selon un article de Florence Leray paru dans Rue89 (1), les villes françaises ne disposeraient en moyenne que de 3 jours d’autonomie alimentaire. Au-delà, en cas de crise pétrolière et de non réapprovisionnement par transport, les citadins n’auraient plus accès à des produits frais. C’est une situation dans laquelle on a du mal à se projeter, mais une perspective de société post-pétrole, c’est dès à présent que les mesures de relocalisation des productions agricoles doivent être prises. Cependant, malgré les initiatives émergentes et les volontés politiques des collectivités, les villes ne pourront jamais être totalement autosuffisantes. En l’état actuel des techniques et des moyens, il n’est pas possible de l’envisager. L’autonomie peut être atteinte à l’échelle d’une région urbaine, d’où l’intérêt de renforcer l’agriculture périurbaine et de penser le territoire en terme d’écorégion. Le principe d’écorégionalité, développé par Emmanuel Bailly consiste consommer un produit écologiquement, de façon responsable et économiquement viable conçu ou transformé à proximité son lieu de production.
La question de la rentabilité se pose surtout parce que les légumes produits en ville dans les mouvements émergeants n’ont pas vocation à être vendus, mais consommés par leurs producteurs ou, la plupart du temps, donnés. Si on raisonne en termes économiques purs et durs, l’agriculture urbaine telle qu’elle peut être pratiquée à Paris, par exemple, ne génère pas de profit. Cependant, le bénéfice social est important : cela crée du lien, améliore la qualité de vie et la nutrition. Il s’agit donc d’un investissement sur le bien être où, là encore, les effets se calculent en économies faites (en soins médicaux par exemple). Cependant, il faut a un moment financer les initiatives pour que celles-ci soient pérennisées, et pas seulement éphémères. Mais à qui appartient cette charge ? On constate que les expériences d’agriculture urbaine qui fonctionnent aujourd’hui sont celles qui sont autofinancées. Les associations d’aide à l’accès au foncier, comme Terres de liens, font appel à une épargne privée. La place du politique est à redéfinir mais, pour les collectivités, ces expériences urbaines ne sont qu’une dépense, plus couteuse que les espaces verts classiques, et ne constituent pas une priorité (notamment électorale). L’agriculture urbaine n’en est encore qu’au stade de la prise de conscience chez les citoyens, et de l’effort chez les politiques. Et pourtant, développer ce secteur d’activités ne pourrait avoir un effet que bénéfique pour les villes pour toutes les raisons indiquées dans l’article précédent. Un des défis du développement durable est de promouvoir une économie responsable conciliant viabilité d’un projet et principes éthiques liés à la préservation des ressources environnementales et à la création de lien social. L’agriculture urbaine concilie tous ces éléments et permet la transition vers une ville (et un mode de vie en général) plus durable.
Puisque réfléchir sur l’agriculture urbaine amène nécessairement une réflexion sur notre façon de s’alimenter et de penser le système de production et de distribution à l’échelle globale, la question du modèle économique actuel et sa remise en cause se pose alors. L’agriculture en ville s’inclut dans un modèle de consommation collaborative qui fait aujourd’hui ses premiers pas.
(1) http://www.rue89lyon.fr/2012/05/18/lyon-agriculture-portes-ville-est-elle-possible/
Pour aller plus loin :
• Le reportage « Detroit passe au vert ! » sur la reconversion de la ville par l’agriculture urbaine
• Sur les questions de souveraineté, vers l’ouvrage de Frédérique Basset Vers l’autonomie alimentaire, Éditions Rue de l’échiquier.
- L’autonomie alimentaire est-elle une nécessité ?
Bien sur, il s’agit ici de cas extrêmes, rien de comparable en France… Cependant, la question de l’autonomie alimentaire de nos villes ne doit pas pour autant nous laisser indifférent. Selon un article de Florence Leray paru dans Rue89 (1), les villes françaises ne disposeraient en moyenne que de 3 jours d’autonomie alimentaire. Au-delà, en cas de crise pétrolière et de non réapprovisionnement par transport, les citadins n’auraient plus accès à des produits frais. C’est une situation dans laquelle on a du mal à se projeter, mais une perspective de société post-pétrole, c’est dès à présent que les mesures de relocalisation des productions agricoles doivent être prises. Cependant, malgré les initiatives émergentes et les volontés politiques des collectivités, les villes ne pourront jamais être totalement autosuffisantes. En l’état actuel des techniques et des moyens, il n’est pas possible de l’envisager. L’autonomie peut être atteinte à l’échelle d’une région urbaine, d’où l’intérêt de renforcer l’agriculture périurbaine et de penser le territoire en terme d’écorégion. Le principe d’écorégionalité, développé par Emmanuel Bailly consiste consommer un produit écologiquement, de façon responsable et économiquement viable conçu ou transformé à proximité son lieu de production.
- Quelle rentabilité d’une culture en petite surface ?
La question de la rentabilité se pose surtout parce que les légumes produits en ville dans les mouvements émergeants n’ont pas vocation à être vendus, mais consommés par leurs producteurs ou, la plupart du temps, donnés. Si on raisonne en termes économiques purs et durs, l’agriculture urbaine telle qu’elle peut être pratiquée à Paris, par exemple, ne génère pas de profit. Cependant, le bénéfice social est important : cela crée du lien, améliore la qualité de vie et la nutrition. Il s’agit donc d’un investissement sur le bien être où, là encore, les effets se calculent en économies faites (en soins médicaux par exemple). Cependant, il faut a un moment financer les initiatives pour que celles-ci soient pérennisées, et pas seulement éphémères. Mais à qui appartient cette charge ? On constate que les expériences d’agriculture urbaine qui fonctionnent aujourd’hui sont celles qui sont autofinancées. Les associations d’aide à l’accès au foncier, comme Terres de liens, font appel à une épargne privée. La place du politique est à redéfinir mais, pour les collectivités, ces expériences urbaines ne sont qu’une dépense, plus couteuse que les espaces verts classiques, et ne constituent pas une priorité (notamment électorale). L’agriculture urbaine n’en est encore qu’au stade de la prise de conscience chez les citoyens, et de l’effort chez les politiques. Et pourtant, développer ce secteur d’activités ne pourrait avoir un effet que bénéfique pour les villes pour toutes les raisons indiquées dans l’article précédent. Un des défis du développement durable est de promouvoir une économie responsable conciliant viabilité d’un projet et principes éthiques liés à la préservation des ressources environnementales et à la création de lien social. L’agriculture urbaine concilie tous ces éléments et permet la transition vers une ville (et un mode de vie en général) plus durable.
Puisque réfléchir sur l’agriculture urbaine amène nécessairement une réflexion sur notre façon de s’alimenter et de penser le système de production et de distribution à l’échelle globale, la question du modèle économique actuel et sa remise en cause se pose alors. L’agriculture en ville s’inclut dans un modèle de consommation collaborative qui fait aujourd’hui ses premiers pas.
(1) http://www.rue89lyon.fr/2012/05/18/lyon-agriculture-portes-ville-est-elle-possible/
Pour aller plus loin :
• Le reportage « Detroit passe au vert ! » sur la reconversion de la ville par l’agriculture urbaine
• Sur les questions de souveraineté, vers l’ouvrage de Frédérique Basset Vers l’autonomie alimentaire, Éditions Rue de l’échiquier.