La Troisième Révolution Industrielle aura-t-elle lieu ? 1/2
Dans le Nord pas de Calais, en tout cas, le Conseil Régional et la Chambre de Commerce et d’Industrie semblent avoir décidé que oui. Ils ont d’ailleurs désigné pour porte drapeau Jeremy Rifkin, économiste américain et tête pensante de la théorie de la « Troisième révolution industrielle ». Seulement voilà, ses théories ne font pas l’unanimité, ses détracteurs sont nombreux, et la question persiste : Cette troisième révolution industrielle est elle possible ? Ou bien reste t on dans le domaine de l’utopie ?
On est pourtant loin de la figure du doux rêveur : Jeremy Rifkin ne se lance pas dans un projet à l’aveuglette : avant de proposer un master plan destiné à « faire entrer le Nord Pas de Calais dans la troisième révolution industrielle », il avait déjà travaillé pour la principauté de Monaco, la ville de Rome et la province d’Utrecht aux Pays Bas. Cependant, ces travaux avaient abouti à des résultats plus théoriques que concret. Cette fois ci, il s’agit de passer à véritable mise en pratique des propositions du théoricien, grâce à ce fameux master plan, obtenu pour un budget de 350 000 euros tout de même, et qui devrait entraîner l’investissement d’un milliard d’euros par an à partir de l’an prochain, via l’ensemble des investissements publics et privés consentis. Ce passage à la « Troisième révolution Industrielle » implique le respect de cinq préceptes fondamentaux :
- Le passage intégral des énergies fossiles ou nucléaire vers les énergies renouvelables, via l’économie de 60% de la consommation d’énergie d’ici 2050. Le modèle avancé par John Laitner, économiste, nommé « Deeper », implique que contrairement aux idées reçues, plus les objectifs de réduction de consommation d’énergie sont ambitieux, plus ils sont « rentables en termes de croissance, de pouvoir d’achat et de création d’emploi. » Il n’y aurait pas d’obligation de « décroissance » pour moins consommer.
Le développement des énergies renouvelables passerait par la facilitation de l’exploitation photovoltaïque de l’énergie solaire, l’exploitation des patrimoines foncier et maritime pour l’éolien, et exploiter le potentiel en biomasse, notamment via la méthanisation.
- Développer des bâtiments producteurs d’énergie. L’objectif est de « remplacer le modèle centralisé de production et distribution des énergies fossiles par un développement de microsites producteurs d’énergies vertes, disséminés dans toutes les unités immobilières qui s’y prêteront (rénovation, reconversion on construction neuve). » A terme, selon Jeremy Rifkin, « l’industrie du futur sera relocalisée, grâce notamment à l’imprimante 3D, qui permettra aux PME de produire localement, à la demande, sur son marché. En faisant l’économie de nombreux coûts d’approvisionnement de distribution, de transport , de déperdition , de stock, avec un ticket d’entrée en capital réduit. »
- Se doter des capacités de stockage de l’énergie « susceptible de compense les intermittences de production et les variations de consommation. » Le masterplan lui-même l’admet : tout reste à inventer, il propose néanmoins quelques pistes : le stockage de l’énergie via l’hydrogène : un potentiel « illimité », le stockage hydraulique de l’énergie, développer le stockage à air comprimé et exploiter le potentiel des véhicules électriques qui deviendraient des « unités de stockage mobile ».
-Développer « L’Internet de l’énergie », via un réseau électrique « basé sur des compteurs d’énergie dotés de capacités d’analyse et de communication, connectés via internet à des plateformes de régulation de l’offre et de la demande." (cf notre billet : http://www.eco-quartiers.fr/#!/fr/blog/2013/06/tout-le-monde-il-etait-durable-tout-le-monde-il-est-smart-hellip-112/)
- Le dernier pilier préconise de réinventer la mobilité de la personne et des biens, qui représenterait 20% de la consommation de l’énergie en Nord Pas de Calais. Cela passerait par l’invention de « L’internet de la logistique et des déplacements », et d’instaurer une gouvernance dédiée aux projets de mobilité. Il faudrait également convertir les véhicules motorisés aux énergies renouvelables.
Selon ce masterplan, si les principes proposés sont suivis, c’est une toute nouvelle économie qui se mettrait en place. En effet, « la seule baisse de la facture énergétique (économies estimées à 7 milliards d’euros en rythme annuel en 2050) occasionnera un transfert de flux vers d’autres secteurs plus porteurs en termes d’emploi. Le secteur de l’énergie traditionnelle ne générant que 8,5 emplois par million d’euros de PIB, quand les autres secteurs d’activité emploient en moyenne 16,3 personnes, on peut estimer, dans l’absolu, que 7,8 emplois seraient créés pour chaque million d’euros réaffectés. » A terme, 165 000 emplois seraient créés pour 2050. Les retombées économiques apporteraient 1,7 fois le capital investit.
Des perspectives réjouissantes, mais qui laissent perplexe : si vraiment les solutions étaient sous notre nez, comment se fait il que personne n’y ait pensé avant ?
Les moyens proposés pour la mise en route de la « Troisième Révolution Industrielle » tiennent le plus souvent du bon sens, mais leur application telle que préconisée prête parfois le flan à la critique. (2/2)
Liens :
Le Moniteur :
http://www.lemoniteur.fr/201-management/article/actualite/22646220-cht-roisieme-revolution-industrielle-le-plan-de-rifkin-pour-realiser-la-prophetie-au-pied-des-terril
Synthèse du master plan :
http://www.nordpasdecalais.fr/upload/docs/application/pdf/2013-10/masterplan.pdf
On est pourtant loin de la figure du doux rêveur : Jeremy Rifkin ne se lance pas dans un projet à l’aveuglette : avant de proposer un master plan destiné à « faire entrer le Nord Pas de Calais dans la troisième révolution industrielle », il avait déjà travaillé pour la principauté de Monaco, la ville de Rome et la province d’Utrecht aux Pays Bas. Cependant, ces travaux avaient abouti à des résultats plus théoriques que concret. Cette fois ci, il s’agit de passer à véritable mise en pratique des propositions du théoricien, grâce à ce fameux master plan, obtenu pour un budget de 350 000 euros tout de même, et qui devrait entraîner l’investissement d’un milliard d’euros par an à partir de l’an prochain, via l’ensemble des investissements publics et privés consentis. Ce passage à la « Troisième révolution Industrielle » implique le respect de cinq préceptes fondamentaux :
- Le passage intégral des énergies fossiles ou nucléaire vers les énergies renouvelables, via l’économie de 60% de la consommation d’énergie d’ici 2050. Le modèle avancé par John Laitner, économiste, nommé « Deeper », implique que contrairement aux idées reçues, plus les objectifs de réduction de consommation d’énergie sont ambitieux, plus ils sont « rentables en termes de croissance, de pouvoir d’achat et de création d’emploi. » Il n’y aurait pas d’obligation de « décroissance » pour moins consommer.
Le développement des énergies renouvelables passerait par la facilitation de l’exploitation photovoltaïque de l’énergie solaire, l’exploitation des patrimoines foncier et maritime pour l’éolien, et exploiter le potentiel en biomasse, notamment via la méthanisation.
- Développer des bâtiments producteurs d’énergie. L’objectif est de « remplacer le modèle centralisé de production et distribution des énergies fossiles par un développement de microsites producteurs d’énergies vertes, disséminés dans toutes les unités immobilières qui s’y prêteront (rénovation, reconversion on construction neuve). » A terme, selon Jeremy Rifkin, « l’industrie du futur sera relocalisée, grâce notamment à l’imprimante 3D, qui permettra aux PME de produire localement, à la demande, sur son marché. En faisant l’économie de nombreux coûts d’approvisionnement de distribution, de transport , de déperdition , de stock, avec un ticket d’entrée en capital réduit. »
- Se doter des capacités de stockage de l’énergie « susceptible de compense les intermittences de production et les variations de consommation. » Le masterplan lui-même l’admet : tout reste à inventer, il propose néanmoins quelques pistes : le stockage de l’énergie via l’hydrogène : un potentiel « illimité », le stockage hydraulique de l’énergie, développer le stockage à air comprimé et exploiter le potentiel des véhicules électriques qui deviendraient des « unités de stockage mobile ».
-Développer « L’Internet de l’énergie », via un réseau électrique « basé sur des compteurs d’énergie dotés de capacités d’analyse et de communication, connectés via internet à des plateformes de régulation de l’offre et de la demande." (cf notre billet : http://www.eco-quartiers.fr/#!/fr/blog/2013/06/tout-le-monde-il-etait-durable-tout-le-monde-il-est-smart-hellip-112/)
- Le dernier pilier préconise de réinventer la mobilité de la personne et des biens, qui représenterait 20% de la consommation de l’énergie en Nord Pas de Calais. Cela passerait par l’invention de « L’internet de la logistique et des déplacements », et d’instaurer une gouvernance dédiée aux projets de mobilité. Il faudrait également convertir les véhicules motorisés aux énergies renouvelables.
Selon ce masterplan, si les principes proposés sont suivis, c’est une toute nouvelle économie qui se mettrait en place. En effet, « la seule baisse de la facture énergétique (économies estimées à 7 milliards d’euros en rythme annuel en 2050) occasionnera un transfert de flux vers d’autres secteurs plus porteurs en termes d’emploi. Le secteur de l’énergie traditionnelle ne générant que 8,5 emplois par million d’euros de PIB, quand les autres secteurs d’activité emploient en moyenne 16,3 personnes, on peut estimer, dans l’absolu, que 7,8 emplois seraient créés pour chaque million d’euros réaffectés. » A terme, 165 000 emplois seraient créés pour 2050. Les retombées économiques apporteraient 1,7 fois le capital investit.
Des perspectives réjouissantes, mais qui laissent perplexe : si vraiment les solutions étaient sous notre nez, comment se fait il que personne n’y ait pensé avant ?
Les moyens proposés pour la mise en route de la « Troisième Révolution Industrielle » tiennent le plus souvent du bon sens, mais leur application telle que préconisée prête parfois le flan à la critique. (2/2)
Liens :
Le Moniteur :
http://www.lemoniteur.fr/201-management/article/actualite/22646220-cht-roisieme-revolution-industrielle-le-plan-de-rifkin-pour-realiser-la-prophetie-au-pied-des-terril
Synthèse du master plan :
http://www.nordpasdecalais.fr/upload/docs/application/pdf/2013-10/masterplan.pdf
Commentaires
1 06 mars 2015 à 12h05 par Nicolas
Le CCI mène des actions très intéressante dans ce secteur, je pense notamment à la création d'un club d'impression 3D par le CCI de Lille.
2 06 mars 2015 à 12h08 par Amélie
Effectivement les CCI Nord de France ont créé l'année dernière un Club d'impression 3D visant à fédérer les différents acteurs de ce domaine.