Vie Sauvage et habitants des écoquartiers: une cohabitation compliquée à Ginko
A l'heure du numérique, de la smart city, des normes d'hygiènes toujours plus élevées, d'espaces publics "minéraux", qu'on accuse souvent d'être aseptisés voire hostiles dans nos villes, l'écoquartier fait le pari de réintégrer la nature en ville. Pas seulement pour faire "joli", ce serait trop simple. Non. L'écoquartier réintègre la nature en ville, parce que certains problèmes d'urbanisme peuvent être réglés sans apports technologiques, sans électronique, mais naturellement, tout simplement. Ceci dit, jusque là, on ne vous apprend rien.
Seulement, recréer un microcosme propice à la vie sauvage, c'est accepter (a priori) que celui ci se développe au delà des frontières auxquelles on l'imaginait cantonné.
Et c'est là tout le problème: il n'est pas impossible que l'imaginaire commun ait oublié un certain nombre d'aspects de la vie sauvage. Ainsi, les cours d'eau ne contiennent pas que des poissons, il y a aussi des insectes, des oiseaux, et quelques mammifères. A ce titre, l'exemple de ce qui se passe dans l'écoquartier Ginko, à Bordeaux, est assez parlant.
Ces indésirables qu'on avait oubliés
Selon l'article de Sud Ouest que nous avons diffusé sur notre page facebook il y a quelques temps déjà, certains riverains ont découvert que les pièces d'eau peuvent accueillir une faune indésirable (à leurs yeux): le ragondin.
« Ça a commencé il y a deux semaines, raconte Antoine Gimenez, responsable de l'association des locataires d'une résidence HLM de Ginko. Une habitante est venue me chercher parce qu'un ragondin lui avait sauté dessus alors qu'elle promenait son chien au bord du canal. Je ne sais pas s'il lui a vraiment sauté dessus ou simplement fait peur en s'enfuyant... Mais depuis, le ragondin est là tous les jours. On ne peut pas accepter ça, c'est dangereux, ça apporte des maladies, les enfants peuvent se faire agresser ! Et puis, un ragondin, c'est polluant. »
Effectivement, au même titre que tous les animaux sauvages, comme le renard, ou les biches, le ragondin est un potentiel porteur de maladies. Cela dit, pour être contaminé, il faut le toucher, ou toucher ses excréments, et des règles simples d'hygiène (se laver les mains par exemple) suffisent la plupart du temps à écarter le problème.
Le comportement agressif du ragondin est aussi tout relatif : il agresse parfois les chiens, s'ils s'approchent trop près, mais il est d'un tempérament a priori plutôt craintif, et préférera fuir plutôt qu'attaquer. Ceci étant, nous ne sommes pas en train d'écrire une tribune pour la protection du ragondin. Simplement, les problèmes soulevés par sa présence sont extrêmement intéressants.
Ils relancent la question du comportement dans l'écoquartier : jusqu'à quel point un écoquartier doit il être adapté aux modes de vie contemporains ? Et jusqu'à quels points les habitants sont ils sensés s'adapter au quartier ?
Reste que dans le cas de Ginko, le problème est aggravé par des soucis d'ordres structurels : on aurait pu mieux s'accommoder de la vie sauvage, si certaines infrastructures du quartier avaient été prévues pour.
Vie Sauvage: un problème de structure
Nathalie Delattre, maire adjointe du quartier Bordeaux Maritime, rassure dans les colonnes du site Rue89: "Les jours de l'animal (NDLR : le ragondin) ne sont pas comptés. Le seul souci c’est qu’il creuse des tunnels, et que Bouygues a mis des bâches en plastique pour assurer l’étanchéité des canaux. S’ils avaient été conçus différemment, il n’y aurait pas de sujet."
Autres indésirables: les moustiques. Ils prolifèrent dans une zone anciennement marécageuse, et certains habitants s'étonnent. Parmi eux, Céline Papin, présidente de l'association des Ginko bolibiens: "C’est incroyable que dans cette ancienne zone marécageuse les architectes n’aient pas anticipé ce problème en donnant la possibilité d’intégrer des moustiquaires aux fenêtres, c’est parfois techniquement impossible de le faire."
Ces petits défauts de conception rendent en tout cas plus difficile la cohabitation entre ragondin, moustiques et habitants du quartier. Cela reflète toute la difficulté qu'il y a à anticiper le développement d'une nature qu'on avait jusqu'alors domestiquée, et cantonnée à certaines zones précises de la ville.
Sensibiliser les habitants des écoquartiers à la vie sauvage ?
Se pose donc une question importante: aurions nous présumé de notre capacité à vivre au contact de la nature ? On savait déjà que vivre dans un écoquartier implique certains changement des comportements. Et à ce titre, Ginko a mis en place une structure d'accompagnement, qui toucherait environ 35% des habitants. Peut être faut il également éduquer les habitants à cette cohabitation vie urbaine / vie sauvage ? Mais est-ce que ça ne serait pas outrepasser les missions d'un éco-quartier ?
Faut il simplement inciter les habitants à le faire ? Réapprendre la nature, la faune et la flore sauvage, et les petites astuces qui permettent une cohabitation apaisée, est ce que c'est aussi ça le rôle d'un écoquartier ?
Dans le billet précédent, il est manifeste que l'écoquartier est "activateur de comportements écologiques", mais ces nouveaux réflexes, sont ils suffisants ?
Pour certains ecoquartiers en projet, des structures d'accompagnement ont été mises en place. Ainsi, dans le projet d'écoquartier fluvial de Mantes Rosny, on étudie la possibilité de la mise en place d'une maison de la nature, et ses futures missions. D'ailleurs, les maisons de la nature et de l'environnement existent déjà dans plusieurs département, dont une à Bordeaux...
Ici: Nous avons trouvé comment cuisiner le ragondin...
Là et là: comment se protéger naturellement des moustiques.
Pour plus d'informations:
Sur Rue89 : ici et là
L'association d'habitants: Giko-bilobiens
La structure Uni-cités.
Le site de Bouygues Immobilier:ici
L'article de Sud Ouest: ici
Seulement, recréer un microcosme propice à la vie sauvage, c'est accepter (a priori) que celui ci se développe au delà des frontières auxquelles on l'imaginait cantonné.
Et c'est là tout le problème: il n'est pas impossible que l'imaginaire commun ait oublié un certain nombre d'aspects de la vie sauvage. Ainsi, les cours d'eau ne contiennent pas que des poissons, il y a aussi des insectes, des oiseaux, et quelques mammifères. A ce titre, l'exemple de ce qui se passe dans l'écoquartier Ginko, à Bordeaux, est assez parlant.
Ces indésirables qu'on avait oubliés
Selon l'article de Sud Ouest que nous avons diffusé sur notre page facebook il y a quelques temps déjà, certains riverains ont découvert que les pièces d'eau peuvent accueillir une faune indésirable (à leurs yeux): le ragondin.
« Ça a commencé il y a deux semaines, raconte Antoine Gimenez, responsable de l'association des locataires d'une résidence HLM de Ginko. Une habitante est venue me chercher parce qu'un ragondin lui avait sauté dessus alors qu'elle promenait son chien au bord du canal. Je ne sais pas s'il lui a vraiment sauté dessus ou simplement fait peur en s'enfuyant... Mais depuis, le ragondin est là tous les jours. On ne peut pas accepter ça, c'est dangereux, ça apporte des maladies, les enfants peuvent se faire agresser ! Et puis, un ragondin, c'est polluant. »
Effectivement, au même titre que tous les animaux sauvages, comme le renard, ou les biches, le ragondin est un potentiel porteur de maladies. Cela dit, pour être contaminé, il faut le toucher, ou toucher ses excréments, et des règles simples d'hygiène (se laver les mains par exemple) suffisent la plupart du temps à écarter le problème.
Le comportement agressif du ragondin est aussi tout relatif : il agresse parfois les chiens, s'ils s'approchent trop près, mais il est d'un tempérament a priori plutôt craintif, et préférera fuir plutôt qu'attaquer. Ceci étant, nous ne sommes pas en train d'écrire une tribune pour la protection du ragondin. Simplement, les problèmes soulevés par sa présence sont extrêmement intéressants.
Ils relancent la question du comportement dans l'écoquartier : jusqu'à quel point un écoquartier doit il être adapté aux modes de vie contemporains ? Et jusqu'à quels points les habitants sont ils sensés s'adapter au quartier ?
Reste que dans le cas de Ginko, le problème est aggravé par des soucis d'ordres structurels : on aurait pu mieux s'accommoder de la vie sauvage, si certaines infrastructures du quartier avaient été prévues pour.
Vie Sauvage: un problème de structure
Nathalie Delattre, maire adjointe du quartier Bordeaux Maritime, rassure dans les colonnes du site Rue89: "Les jours de l'animal (NDLR : le ragondin) ne sont pas comptés. Le seul souci c’est qu’il creuse des tunnels, et que Bouygues a mis des bâches en plastique pour assurer l’étanchéité des canaux. S’ils avaient été conçus différemment, il n’y aurait pas de sujet."
Autres indésirables: les moustiques. Ils prolifèrent dans une zone anciennement marécageuse, et certains habitants s'étonnent. Parmi eux, Céline Papin, présidente de l'association des Ginko bolibiens: "C’est incroyable que dans cette ancienne zone marécageuse les architectes n’aient pas anticipé ce problème en donnant la possibilité d’intégrer des moustiquaires aux fenêtres, c’est parfois techniquement impossible de le faire."
Ces petits défauts de conception rendent en tout cas plus difficile la cohabitation entre ragondin, moustiques et habitants du quartier. Cela reflète toute la difficulté qu'il y a à anticiper le développement d'une nature qu'on avait jusqu'alors domestiquée, et cantonnée à certaines zones précises de la ville.
Sensibiliser les habitants des écoquartiers à la vie sauvage ?
Se pose donc une question importante: aurions nous présumé de notre capacité à vivre au contact de la nature ? On savait déjà que vivre dans un écoquartier implique certains changement des comportements. Et à ce titre, Ginko a mis en place une structure d'accompagnement, qui toucherait environ 35% des habitants. Peut être faut il également éduquer les habitants à cette cohabitation vie urbaine / vie sauvage ? Mais est-ce que ça ne serait pas outrepasser les missions d'un éco-quartier ?
Faut il simplement inciter les habitants à le faire ? Réapprendre la nature, la faune et la flore sauvage, et les petites astuces qui permettent une cohabitation apaisée, est ce que c'est aussi ça le rôle d'un écoquartier ?
Dans le billet précédent, il est manifeste que l'écoquartier est "activateur de comportements écologiques", mais ces nouveaux réflexes, sont ils suffisants ?
Pour certains ecoquartiers en projet, des structures d'accompagnement ont été mises en place. Ainsi, dans le projet d'écoquartier fluvial de Mantes Rosny, on étudie la possibilité de la mise en place d'une maison de la nature, et ses futures missions. D'ailleurs, les maisons de la nature et de l'environnement existent déjà dans plusieurs département, dont une à Bordeaux...
Ici: Nous avons trouvé comment cuisiner le ragondin...
Là et là: comment se protéger naturellement des moustiques.
Pour plus d'informations:
Sur Rue89 : ici et là
L'association d'habitants: Giko-bilobiens
La structure Uni-cités.
Le site de Bouygues Immobilier:ici
L'article de Sud Ouest: ici
- C. Bouygues Immobilier
- Un ragondin
Commentaires
1 25 juin 2014 à 14h54 par Olivia
Bonjour et merci pour cet article très intéressant! C'est vrai que les citadins ont tendance à oublier ce que signifie se rapprocher de la nature. Sensibiliser les habitants sur l'écologie, l’écosystème est une excellente idée, d'ailleurs de nombreuses ONG, associations de protection de l’environnement ainsi que des mairies proposent de sensibiliser et d'éduquer les futurs habitants d'écoquartiers.