Les interrogations suite à La vie en écoquartier : « C’est beau, mais y a plein de bestioles »
Le dimanche 2 mars, Rue89 a publié un article sur son site intitulé : « La vie en écoquartier : « C’est beau, mais y a plein de bestioles » » . Ce papier a été écrit par Vincent Renauld, docteur en aménagement et urbanisme ; son propos portait sur les usages des habitants dans les logements des éco-quartiers.
Les habitants ruseurs, la question de l’anticipation des pratiques habitantes.
En quelques mots, l’article présente les pratiques quotidiennes de deux habitants (Madame B. et Monsieur G.) dans leurs logements de la Caserne de Bonne à Grenoble. Vincent Renauld nous décrit les difficultés d’adaptation de ces deux habitants, qui sont dérangés, par exemple, par les insectes des murs végétalisés.
Au-delà de la simple anecdote, l’article est révélateur du décalage entre certaines pratiques habitantes dans les éco-quartiers et les usages pensés par les aménageurs, décalages observés par l’auteur également au sein de l’éco-quartier Ginko à Bordeaux et Bottière-Chénaie à Nantes.
L’observation des usages est très bien faite par Vincent Renauld, dont l’analyse s’est en particulier centrée sur l’observation du logement des habitants. Il a également étudié les pratiques dans les espaces extérieurs des éco-quartiers ; nous reviendrons à l’occasion sur ses travaux.
L’article nous éclaire sur la dualité entre les innovations techniques et les pratiques habitantes. Le travail de terrain a permis d’identifier les ruptures graduelles entre les innovations et les usages, par exemple l’interrupteur coupeur de veille qui devient l’interrupteur d’une lampe sur pied. Il conclut sur le fait que les habitants ont une capacité technique à habiter selon leurs pratiques ; et que les usages ne correspondent pas systématiquement aux fonctions initiales des outils techniques.
La lecture de cet article nous interroge sur plusieurs points. La première question renvoi à l’implication des habitants dans la conception du projet : quelle mobilisation et avec quelles modalités impliquer les habitants et futurs occupants en amont des projets, comment tenir compte de leurs besoins, à quel moment, etc. ? La seconde à l’information transmise sur les équipements techniques lors de la livraison du logement aux occupants : quelle information transmettre, comment les accompagner, quels rôles pour les différents acteurs (promoteur, aménageur, maître d’ouvrage)… ? La troisième à la sensibilisation des habitants aux enjeux et objectifs de l’éco-quartier et donc plus largement à la place de l’éducation à l’environnement.
Toutefois, les détournements d’usage ne sont pas à proscrire. Ils participent intégralement au processus d’appropriation d’un lieu et facilitent le sentiment « d’être chez soi ».
Les exemples d’aménagement d’éco-quartiers tendent à nous révéler le besoin qu’ont les habitants de faire par eux-mêmes, d’aménager une partie de leurs espaces de vie pour mieux se les approprier. La réussite des éco-quartiers nécessite de trouver cette douce alchimie d’appropriation du lieu avec les futurs habitants et les aménageurs, pour permettre aux premiers d’être bien chez eux et dans leur quartier, tout en répondant aux objectifs des seconds.
En cela, nous rejoignons les propos de Bernard Allagnat : « le Concepteur doit se garder de normer des usages, mais seulement de proposer des « services ». En ce sens, on ne fait plus une dualité entre technologie et non-technologie, mais seulement entre services « qui marchent » et services « qui ne marchent pas très bien ». Au concepteur, alors, de « deviner » quelles propositions il pourrait faire aux habitants, et quelles libertés ceux-ci pourront prendre avec ces propositions ».
Ainsi s’ouvre le grand champ de la maîtrise d’usage, pour un prochain article…
Les habitants ruseurs, la question de l’anticipation des pratiques habitantes.
En quelques mots, l’article présente les pratiques quotidiennes de deux habitants (Madame B. et Monsieur G.) dans leurs logements de la Caserne de Bonne à Grenoble. Vincent Renauld nous décrit les difficultés d’adaptation de ces deux habitants, qui sont dérangés, par exemple, par les insectes des murs végétalisés.
Au-delà de la simple anecdote, l’article est révélateur du décalage entre certaines pratiques habitantes dans les éco-quartiers et les usages pensés par les aménageurs, décalages observés par l’auteur également au sein de l’éco-quartier Ginko à Bordeaux et Bottière-Chénaie à Nantes.
L’observation des usages est très bien faite par Vincent Renauld, dont l’analyse s’est en particulier centrée sur l’observation du logement des habitants. Il a également étudié les pratiques dans les espaces extérieurs des éco-quartiers ; nous reviendrons à l’occasion sur ses travaux.
L’article nous éclaire sur la dualité entre les innovations techniques et les pratiques habitantes. Le travail de terrain a permis d’identifier les ruptures graduelles entre les innovations et les usages, par exemple l’interrupteur coupeur de veille qui devient l’interrupteur d’une lampe sur pied. Il conclut sur le fait que les habitants ont une capacité technique à habiter selon leurs pratiques ; et que les usages ne correspondent pas systématiquement aux fonctions initiales des outils techniques.
La lecture de cet article nous interroge sur plusieurs points. La première question renvoi à l’implication des habitants dans la conception du projet : quelle mobilisation et avec quelles modalités impliquer les habitants et futurs occupants en amont des projets, comment tenir compte de leurs besoins, à quel moment, etc. ? La seconde à l’information transmise sur les équipements techniques lors de la livraison du logement aux occupants : quelle information transmettre, comment les accompagner, quels rôles pour les différents acteurs (promoteur, aménageur, maître d’ouvrage)… ? La troisième à la sensibilisation des habitants aux enjeux et objectifs de l’éco-quartier et donc plus largement à la place de l’éducation à l’environnement.
Toutefois, les détournements d’usage ne sont pas à proscrire. Ils participent intégralement au processus d’appropriation d’un lieu et facilitent le sentiment « d’être chez soi ».
Les exemples d’aménagement d’éco-quartiers tendent à nous révéler le besoin qu’ont les habitants de faire par eux-mêmes, d’aménager une partie de leurs espaces de vie pour mieux se les approprier. La réussite des éco-quartiers nécessite de trouver cette douce alchimie d’appropriation du lieu avec les futurs habitants et les aménageurs, pour permettre aux premiers d’être bien chez eux et dans leur quartier, tout en répondant aux objectifs des seconds.
En cela, nous rejoignons les propos de Bernard Allagnat : « le Concepteur doit se garder de normer des usages, mais seulement de proposer des « services ». En ce sens, on ne fait plus une dualité entre technologie et non-technologie, mais seulement entre services « qui marchent » et services « qui ne marchent pas très bien ». Au concepteur, alors, de « deviner » quelles propositions il pourrait faire aux habitants, et quelles libertés ceux-ci pourront prendre avec ces propositions ».
Ainsi s’ouvre le grand champ de la maîtrise d’usage, pour un prochain article…