Une ville verte, frugale et désirable (2/2) - Beauséjour, Sainte-Marie de La Réunion
03/02/2015 - Rédaction EK (EcologiK)
Suite et fin de la visite de l’écoquartier Beauséjour par Dominique Gauzin-Müller.Article à retrouver dans le numéro 37 du magazine EK (Ecologik).
Vers 2020, lorsque les travaux seront terminés, 8 000 habitants vivront ici dans des logements denses, mais respectueux de la sphère intime, et profiteront, avec les 12 000 résidents des quartiers alentour, de services et de lieux publics propices aux moments partagés. Les premiers emménagements ont eu lieu en 2010 et un millier de familles vivent aujourd’hui à Beauséjour. La plupart sont enthousiastes et adhèrent au projet écocitoyen. Cette ville, que ses acteurs veulent « frugale et désirable », pourrait bien devenir un modèle d’aménagement urbain écoresponsable en milieu tropical…
Fiche technique :
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Sainte-Marie ; maire, Jean-Louis Lagourgue ; directeur général des services, Jocelyn Trulès.
Aménageur : CBo Territoria ; PDG, Éric Wuillai.
Surface : 78 hectares.
Nombre d’habitants : environ 8 000 à terme.
Budget : 600 millions d’euros.
Calendrier : 2006-2020.
Analyse environnementale de l’urbanisme (2008) : Tekhnê Architectes et Soberco environnement.
Premier master plan général (2009) : Thierry Perrau et Serge Duteilh.
Projet urbain pour le centre-ville et le secteur ouest (2011) :
- urbaniste en chef : Christian Charignon, Tekhnê Architectes ; Sophie David, responsable du projet.
- Paysagiste en chef : Didier Larue, Atelier ld ; Laurent Marin, responsable des travaux de voirie.
- Urbaniste-paysagiste associé : Alberto Giorgiutti, UPAU.
- Architecte-botaniste : Michel Reynaud, LEU Réunion.
- Scénographe : Agathe Argod.
- Bureaux d’études : EGIS (VRD), CER (réseaux électriques).
Pour en savoir plus
Le Défi de Beauséjour Une ville tropicale durable à La Réunion
Dominique Gauzin-Müller, Eyrolles, 2014.
www.beausejour.re
Image 4 - © tekhnê architectes, studio p. martyniak
Image 5 – Beauséjour - La Caisse d’allocations familiales - Photo : Hervé Douris
Image 4 - © atelier LD – Johanna Larue
AU FIL DE L’EAU
« À Beauséjour, le vide n’est pas ce qui reste entre les pleins ! » expliquent les urbanistes, qui insistent sur l’importance de l’espace public, lieu de rencontre et de partage sans distinction entre les classes sociales. Le végétal, « condition de la densité » selon Christian Charignon, est partout présent : dans le grand parc urbain et le jardin botanique en bas de la pente, en bordure du mail commerçant du centre-ville, au sein des cours urbaines, le long des promenades plantées, etc. Le projet de paysage de Didier Larue est en empathie avec le site : « En suivant le tracé conducteur du fil de l’eau, nous avons utilisé les ravines pour créer trois parcs linéaires parcourant le quartier de la montagne vers la mer, et les replats pour des places en belvédère sur le panorama. ». Des grandes lignes aux petits détails, une conception globale associe paysagistes, urbanistes et ingénieurs pour mêler étroitement beauté et fonctionnalité. Les cordons boisés de plantes endémiques constituent ainsi à la fois des corridors écologiques, des rideaux brise-vent limitant l’impact des alizés sur l’habitat et un dispositif de récupération et de ralentissement de la pluie. Sur un site qui reçoit environ 1,5 mètre de précipitations par an, l’enjeu réside dans l’intégration des nécessaires ouvrages techniques aux aménagements paysagés. L’équipe a choisi une collecte à ciel ouvert combinant des noues le long des voies et une succession de redents/ dissipateurs. Une élégante manière de minimiser le volume à gérer dans le practice de golf et les terrasses du parc urbain, qui servent de bassin d’orage quelques jours par an.LA VILLE GRANDEUR NATURE
Sur cette île où le soleil est au zénith la majeure partie de la journée, surtout pendant l’été austral, le bien-être dépend de l’évapotranspiration et d’une ombre bienfaisante. À Beauséjour, le principe est de constituer un « grand parasol » au-dessus de toute la ville, des espaces publics aux parcelles privées. Les végétaux sont associés en strates imbriquées pour constituer une « forêt jardinée ». Palmiers royaux,jacarandas et flamboyants forment la canopée tandis que des essences variées occupent les niveaux intermédiaires et couvrent le sol. L’architecte et botaniste Michel Reynaud a déterminé avec la plus grande précision tous les arbres, arbustes et plantes vivaces mis en terre le long des voies et dans chaque espace public. Pour renforcer la biodiversité d’un secteur colonisé très tôt par l’agriculture, la priorité est aux espèces indigènes, robustes, car adaptées à la pluviométrie locale. Les plantations ont commencé bien avant le début du chantier. La rapidité de pousse laisse espérer une rapide luxuriance végétale afin que, selon le rêve de Didier Larue, « paysage et architecture fusionnent au sein d’une ville-nature ».UN MODÈLE EXPORTABLE
En collaboration avec associations, riverains et habitants, les professionnels tissent des liens entre l’histoire d’une population métissée et un avenir ancré dans la modernité numérique : tous les logements sont câblés. Pour favoriser le « vivre ensemble », ils tentent de recréer l’ambiance solidaire des villages d’antan au sein d’un environnement high-tech. Cette démarche holistique a commencé par la remise en question des pratiques conventionnelles. Ici, on s’écoute, on s’explique, on sollicite l’avis d’experts, on cherche ensemble des solutions, on essaye, on évalue, on revient sur des choix qui se révèlent peu pertinents... CBo Territoria n’hésite pas à faire évoluer le projet, finance études et essais sur des mesures expérimentales et prend des risques, notamment par rapport à des évolutions sur certains points de réglementation. Ce courageux processus de gouvernance et de mise en œuvre opérationnelle est soutenu par un montage financier original qui, selon le DGA Jean-Jacques Ballester, « adosse un produit immobilier à un produit financier, la défiscalisation n'étant gue la cerise sur le gâteau ».Vers 2020, lorsque les travaux seront terminés, 8 000 habitants vivront ici dans des logements denses, mais respectueux de la sphère intime, et profiteront, avec les 12 000 résidents des quartiers alentour, de services et de lieux publics propices aux moments partagés. Les premiers emménagements ont eu lieu en 2010 et un millier de familles vivent aujourd’hui à Beauséjour. La plupart sont enthousiastes et adhèrent au projet écocitoyen. Cette ville, que ses acteurs veulent « frugale et désirable », pourrait bien devenir un modèle d’aménagement urbain écoresponsable en milieu tropical…
Fiche technique :
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Sainte-Marie ; maire, Jean-Louis Lagourgue ; directeur général des services, Jocelyn Trulès.
Aménageur : CBo Territoria ; PDG, Éric Wuillai.
Surface : 78 hectares.
Nombre d’habitants : environ 8 000 à terme.
Budget : 600 millions d’euros.
Calendrier : 2006-2020.
Analyse environnementale de l’urbanisme (2008) : Tekhnê Architectes et Soberco environnement.
Premier master plan général (2009) : Thierry Perrau et Serge Duteilh.
Projet urbain pour le centre-ville et le secteur ouest (2011) :
- urbaniste en chef : Christian Charignon, Tekhnê Architectes ; Sophie David, responsable du projet.
- Paysagiste en chef : Didier Larue, Atelier ld ; Laurent Marin, responsable des travaux de voirie.
- Urbaniste-paysagiste associé : Alberto Giorgiutti, UPAU.
- Architecte-botaniste : Michel Reynaud, LEU Réunion.
- Scénographe : Agathe Argod.
- Bureaux d’études : EGIS (VRD), CER (réseaux électriques).
Pour en savoir plus
Le Défi de Beauséjour Une ville tropicale durable à La Réunion
Dominique Gauzin-Müller, Eyrolles, 2014.
www.beausejour.re
Image 4 - © tekhnê architectes, studio p. martyniak
Image 5 – Beauséjour - La Caisse d’allocations familiales - Photo : Hervé Douris
Image 4 - © atelier LD – Johanna Larue