Le chantier participatif du cinéma Sans-Souci en Afrique du Sud : concevoir et construire collectivement et frugalement.
Lors d’un workshop de 15 jours, du 19 avril au 4 mai 2014, l’atelier « Learning From » a réhabilité le site délaissé du cinéma « Sans-Souci » dans le bidonville de Kliptown à Soweto en Afrique du Sud. Le projet « Learning From », encadré par les enseignants Christophe Hutin et Daniel Estevez, organise des échanges entre la France (Toulouse) et l'Afrique du Sud (Johannesburg). Il propose aux étudiants de conduire des projets expérimentaux qui explorent des alternatives crédibles à la démolition systématique ou à l'étalement résidentiel.
Avant d’être détruit en 1995 par un incendie, le cinéma « Sans-Souci » était un lieu fédérateur pour la population démunie de Kliptown. Depuis, le lieu en ruine a été abandonné, formant un espace public délaissé et dangereux dans le quartier informel de Kliptown. Mais ce lieu est resté un endroit essentiel pour la communauté car il est le symbole d’une part importante de leur histoire, de leur culture et de leurs racines.
L'ambition de l'atelier Learning From n’était pas de reconstruire le cinéma à l’identique mais de recréer un lieu culturel et social, un lieu multifonction utilisable par les résidents. Le workshop « Sans-Souci » a impliqué 11 étudiants en architecture aidés par les communautés locales du bidonville. Avant d’arriver sur place, des réunions de quartier avaient été organisées pour renseigner et impliquer au mieux les habitants dans le projet.
L'objectif était de partir de l'état existant afin de l'améliorer. Une attention particulière a donc été portée à ce qui était déjà là, aux matériaux disponibles et aux pratiques existantes. L'atelier a initié plusieurs chantiers simultanément :
L’absence d’électricité au sein du bidonville augmentant la dangerosité du site, l’un des premiers chantiers a consisté à restaurer un éclairage public. Des lampes photovoltaïques sécurisées spécialement étudiées pour ces contextes critiques ont été installées.
La scène historique du cinéma a été réparée, les maçonneries réalisées à cette occasion ont mis en œuvre les anciennes briques récupérées sur place après nettoyage.
En peignant entièrement les murs en banc, l’écran historique du cinéma a été recréé à son ancien emplacement, permettant à nouveau de projeter des films. Les habitants ont également pris en charge la peinture de toutes les ruines de l’ancien cinéma présentes sur le site.
Une nouvelle scène de 70 mètres carrés a été construite pour les spectacles. La conception de sa dalle en béton permet la réutilisation des escaliers historiques du cinéma mais surtout l’organisation de plusieurs configurations d’usage : petits concerts, projections de films, grands spectacles pour un public nombreux.
Le sous-sol du Sans Souci étant effondré, l'atelier et les habitants ont investi cette partie difficile des ruines laissée en friche. Ensemble ils ont débroussaillé, déblayé et dégagé les ordures qui s’y étaient accumulées pendant des années. En conservant les ruines, l’endroit a été entièrement transformé en un jardin potager décoré de mosaïques et planté d’arbres. Un chemin minéral a été créé pour traverser le nouveau jardin et le relier aux scènes. Il a été entièrement réalisé avec les roches trouvées sur place tout comme les bordures du jardin. Toutes les plantes du jardin ont été apportées et plantées par les habitants qui s’étaient chargés d’en faire pousser avant l'arrivée des étudiants. Les zones potagères ont été créées à partir de semis réalisés sur place dont les graines ont été données par l’association « Kokopelli ». Pour un aspect pédagogique et ludique, des étiquettes ont été réalisées pour identifier tous les végétaux, tel un jardin botanique.
Enfin, un baobab en fers à béton soudés a été scellé dans une chape de béton et décoré de lampes solaires colorées. Au delà d’être un symbole positif en Afrique du Sud, monument léger, il forme un parfait dispositif de jeux pour les enfants qui sont les seuls à pouvoir pénétrer dans le tronc en fers tressés.
Pour réhabiliter ce lieu, la stratégie de l'atelier n’a pas été conventionnelle. Elle a consisté à réactiver la vie artistique, culturelle et sociale du cinéma tout autant que l’architecture même de cet espace public. L'atelier n'a pas attendu que le cinéma soit construit pour programmer des événements culturels, pour se réunir et pour jouer. Dès la deuxième semaine, les musiciens français de la Compagnie Lubat, grands pratiquants d’improvisation artistique ont organisé des ateliers d’improvisation et des échanges musicaux avec les habitants et avec les enfants. Deux projections ont aussi été organisées durant le chantier et le dernier jour, un concert de musique donné par la Compagnie Lubat a eu lieu ainsi qu’un spectacle préparé par les habitants.
Ce chantier a permis de véritables échanges de compétences entre les étudiants et les habitants. Les maçons, les artisans et les jardiniers de Kliptown ont collaboré tout en transmettant leur savoir-faire. Plus de cent personnes de la communauté de Kliptown sont ainsi venues volontairement travailler dans le cadre du projet. Le dernier jour, un certificat leur a été remis afin d'attester des compétences développées au cours de cet événement.
L'ensemble de ces personnes assure aujourd'hui le prolongement de ce travail et la maintenance du site. Le lieu est toujours animé et occupé par les habitants qui y programment de nouveaux événements.
Réalisé avec très peu de financement, le projet est le fruit de l'énergie et du travail des étudiants avec une communauté pleine de ressources et d’inventivité.
Plus d'infos : http://learning-from.over-blog.fr
Avant d’être détruit en 1995 par un incendie, le cinéma « Sans-Souci » était un lieu fédérateur pour la population démunie de Kliptown. Depuis, le lieu en ruine a été abandonné, formant un espace public délaissé et dangereux dans le quartier informel de Kliptown. Mais ce lieu est resté un endroit essentiel pour la communauté car il est le symbole d’une part importante de leur histoire, de leur culture et de leurs racines.
L'ambition de l'atelier Learning From n’était pas de reconstruire le cinéma à l’identique mais de recréer un lieu culturel et social, un lieu multifonction utilisable par les résidents. Le workshop « Sans-Souci » a impliqué 11 étudiants en architecture aidés par les communautés locales du bidonville. Avant d’arriver sur place, des réunions de quartier avaient été organisées pour renseigner et impliquer au mieux les habitants dans le projet.
L'objectif était de partir de l'état existant afin de l'améliorer. Une attention particulière a donc été portée à ce qui était déjà là, aux matériaux disponibles et aux pratiques existantes. L'atelier a initié plusieurs chantiers simultanément :
L’absence d’électricité au sein du bidonville augmentant la dangerosité du site, l’un des premiers chantiers a consisté à restaurer un éclairage public. Des lampes photovoltaïques sécurisées spécialement étudiées pour ces contextes critiques ont été installées.
La scène historique du cinéma a été réparée, les maçonneries réalisées à cette occasion ont mis en œuvre les anciennes briques récupérées sur place après nettoyage.
En peignant entièrement les murs en banc, l’écran historique du cinéma a été recréé à son ancien emplacement, permettant à nouveau de projeter des films. Les habitants ont également pris en charge la peinture de toutes les ruines de l’ancien cinéma présentes sur le site.
Une nouvelle scène de 70 mètres carrés a été construite pour les spectacles. La conception de sa dalle en béton permet la réutilisation des escaliers historiques du cinéma mais surtout l’organisation de plusieurs configurations d’usage : petits concerts, projections de films, grands spectacles pour un public nombreux.
Le sous-sol du Sans Souci étant effondré, l'atelier et les habitants ont investi cette partie difficile des ruines laissée en friche. Ensemble ils ont débroussaillé, déblayé et dégagé les ordures qui s’y étaient accumulées pendant des années. En conservant les ruines, l’endroit a été entièrement transformé en un jardin potager décoré de mosaïques et planté d’arbres. Un chemin minéral a été créé pour traverser le nouveau jardin et le relier aux scènes. Il a été entièrement réalisé avec les roches trouvées sur place tout comme les bordures du jardin. Toutes les plantes du jardin ont été apportées et plantées par les habitants qui s’étaient chargés d’en faire pousser avant l'arrivée des étudiants. Les zones potagères ont été créées à partir de semis réalisés sur place dont les graines ont été données par l’association « Kokopelli ». Pour un aspect pédagogique et ludique, des étiquettes ont été réalisées pour identifier tous les végétaux, tel un jardin botanique.
Enfin, un baobab en fers à béton soudés a été scellé dans une chape de béton et décoré de lampes solaires colorées. Au delà d’être un symbole positif en Afrique du Sud, monument léger, il forme un parfait dispositif de jeux pour les enfants qui sont les seuls à pouvoir pénétrer dans le tronc en fers tressés.
Pour réhabiliter ce lieu, la stratégie de l'atelier n’a pas été conventionnelle. Elle a consisté à réactiver la vie artistique, culturelle et sociale du cinéma tout autant que l’architecture même de cet espace public. L'atelier n'a pas attendu que le cinéma soit construit pour programmer des événements culturels, pour se réunir et pour jouer. Dès la deuxième semaine, les musiciens français de la Compagnie Lubat, grands pratiquants d’improvisation artistique ont organisé des ateliers d’improvisation et des échanges musicaux avec les habitants et avec les enfants. Deux projections ont aussi été organisées durant le chantier et le dernier jour, un concert de musique donné par la Compagnie Lubat a eu lieu ainsi qu’un spectacle préparé par les habitants.
Ce chantier a permis de véritables échanges de compétences entre les étudiants et les habitants. Les maçons, les artisans et les jardiniers de Kliptown ont collaboré tout en transmettant leur savoir-faire. Plus de cent personnes de la communauté de Kliptown sont ainsi venues volontairement travailler dans le cadre du projet. Le dernier jour, un certificat leur a été remis afin d'attester des compétences développées au cours de cet événement.
L'ensemble de ces personnes assure aujourd'hui le prolongement de ce travail et la maintenance du site. Le lieu est toujours animé et occupé par les habitants qui y programment de nouveaux événements.
Réalisé avec très peu de financement, le projet est le fruit de l'énergie et du travail des étudiants avec une communauté pleine de ressources et d’inventivité.
Plus d'infos : http://learning-from.over-blog.fr
Photos ©Nicolas Hubrecht