Eco-quartiers.fr - Etudes de cas - Fréquel Fontarabie

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Paris - Paris (75) : Fréquel Fontarabie

Projet réalisé
2002: début des consultations 2009: début des constructions 2013: fin des constructions

Fréquel Fontarabie
Site : Quartier de Fréquel Fontarabie, Paris, 20e arrondissement
Superficie : 0,5 hectares
Programme : Création de 109 logements sociaux (du PLAI, PLUS, au PLS) dont 74 logements neufs et 35 réhabilités
4 locaux d’activités en rez-de-chaussée (total de 320 m2 SHON)
Une PMI
Une crèche de 60 berceaux ( 200 m2 SHON)
L’aménagement d’un jardin public de 960 m² SHON et d’une place publique et de deux cheminements piétons.
Procédure : Lotissement
Calendrier : 2002: début des consultations 2009: début des constructions 2013: fin des constructions
Fréquel Fontarabie
Maîtrise d'ouvrage : Ville de Paris
AMO DD/HQE : Terre Eco, Patrick Martin : bureau d’étude technique (BET) spécialisé en Haute Qualité
Equipe de maître d'oeuvre : SIEMP + Paris Habitat OPH + Ville de Paris
Promoteur / Constructeur : SIEMP

Les enjeux

Un écoquartier en réponse à l'insalubrité
Comme le dit le PUCA, c'est en réponse à un « quartier maltraité depuis 30 ans » que la création d'un écoquartier s'est imposée sur Fréquel Fontarabie. Ancienne friche urbaine, ce quartier présentait les stigmates d’une longue dégradation : insalubrité des immeubles, déqualification des espaces libres, situations de péril. La Ville de Paris l'inclut en le champ de la convention publique d’aménagement qu’elle confie en 2002 à la Siemp pour l’éradication de l’insalubrité. La Siemp y intervient depuis dans le double rôle d'aménageur et de constructeur.

L'écoquartier Fréquel Fontarabie répond à un objectif double:
  • Eradiquer l’insalubrité à l’échelle
    d’un quartier entier de l’Est parisien.
  • Appliquer une
    nouvelle dynamique de développement urbain.
L’enjeu est de recréer un morceau de ville sur lui même, en plaçant l’innovation technologique au cœur des programmes de construction, en favorisant la mixité sociale par une offre renouvelée en logements sociaux et la mixité fonctionnelle par l’implantation d’équipements et de locaux d’activités.

Une forme urbaine complexe

Différentes périodes d'urbanisation successives ont considérablement modifié le tissu urbain du quartier, en y amenant de nouvelles formes urbaines tout en conservant cette notion d'îlot.
Au fil de ces modifications, on constate une hiérarchisation des voies de circulation: la rue des Orteaux fait office de jonction entre le quartier Saint Blaise et le quartier Réunion. En revanche, la rue de Fontarabie et le passage Fréquel sont devenus des voies de dessertes locales, plus confidentielles. Au fur et à mesure des années, on peut parler d'un processus de strates de tissus urbains venues se juxtaposer les unes aux autres.
 
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Le projet

Une démarche pionnière
C'est par le biais d'une convention publique d'aménagement signée avec la SIEMP que la Ville de Paris a confié à celle ci une mission d'éradication de l'habitat insalubre. Parmi les secteurs définis se trouve le quartier Fréquel Fontarabie.
En juin 2004, la Ville de Paris, la SIEMP et Paris Habitat OPH se sont engagées dans une démarche pionnière en signant une charte de développement durable s’appliquant à l’ensemble de la production de logement et des projets d’aménagement conduits par la SIEMP.
Le 28 septembre 2007, après une procédure de lotissement, un permis de lôtir a été accordé à la SIEMP sur l'îlot, qui en devient l'aménageur.

Le projet de rénovation de l’îlot s’inscrit donc dans le respect des principes et des objectifs énoncés dans la charte de développement durable de 2004, qui peuvent être regroupés en quatre thèmes:
  • maîtriser les impacts du projet sur l’environnement extérieur
  • réduire les charges et les coûts de fonctionnement des bâtiments
  • garantir un environnement intérieur des bâtiments sain et confortable
  • inscrire le projet dans une démarche de solidarité sociale et citoyenne
Les trois partenaires souhaitent alors faire de l’opération Fréquel-Fontarabie un projet pilote et exemplaire pour la mise en place d’une démarche de développementdurable globale à l’échelle d’un secteur d’aménagement. Le projet prévoit d’atteindre les performances énergétiques suivantes:
  • consommation énergétique des bâtiments : 50 KWh/m² SHON/an
  • type bâtiment passif tant en construction neuve qu’en réhabilitation
 et ce avant l’apparition du Plan Climat de la ville de Paris et des Grenelle 1 et 2.

Le projet prévoit donc:
  • Traitement des situations d’insalubrité (acquisitions foncières, accompagnement et relogement des foyers).
  • Création de 109 logements sociaux (PLAI, PLUS, PLS) dont 74 logements neufs et 35 réhabilités
  • 4 locaux d’activités en rez-de-chaussée.
  • Une PMI.
  • Une crèche de 60 berceaux.
  • Un jardin public d’environ 1 000m², une place publique, 2 voies piétonnes.
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En savoir plus

Il s'agit de résorber l'habitat insalubre en créant des logements répondant aux normes de confort modernes.

Recréer un tissu urbain mité

L'école existante voit sa cour agrandie et rénovée tandis que le secteur se dote d'équipements de proximité (P.M.I, crèche) et de locaux d'activité (notamment un café).
Le terrain situé au centre de l'îlot accueille un espace vert public et des espaces piétonniers. Des constructions nouvelles viennent cotoyer les anciens immeubles réhabilités. Leurs proportions et volumes étudiés permettent de recréer un tissu continu dans l'esprit du faubourg traditionnel autour de l'espace central.
Enfin, l'accent est mis sur de fortes exigences en matière de développement durable.



Calendrier détaillé:
1990 : instauration d’un D.P.U.R.
2002 : approbation des objectifs.
2003 : désignation d’une équipe pluridisciplinaire aux missions d’architecte coordinateur et d’animateur de la concertation.
2005 : délibération prévue sur le bilan de la concertation, l’approbation du programme et le lancement de la D.U.P.
2007 : arrêté de D.U.P., permis de lotir, dépôt des premiers permis de construire.
2008 et 2009 : délivrance de quatre permis de construire et dépôt d'un permis de logement.
2009 : début des travaux d'un programme de 17 logements et un local d'activités.
3e trimestre 2010 : livraison des premiers programmes.


Des normes propres à la ville de Paris
Le projet a été élaboré suivant diverses normes propres à la ville de
Paris. Notamment le plan climat énergie de Paris: il s'inscrit dans
l'ambition plus globale de la réduction des émissions de pollution de
30% d'ici 2020 par rapport à 2004, une réduction de 30 % des
consommations énergétiques du parc municipal et des éclairages publics,
et la production de 30% de la production énergétique devrait également
provenir de sources d'énergie renouvelable.

Par ailleurs, le
référenciel d'aménagement durable pour Paris s'applique également à
l'opération, détaillé en 21 points, il s'articule sur quatre axes:
  • Une organisation performante
  • Un cadre urbain vivant et chaleureux
  • une gestion responsable de l'environnement
  • une mixité sociale et une diversité économique
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Offrir une qualité de vie renouvelée

Une mobilisation habitante qui refond le projet

En 1998, une première mouture d'un projet de réaménagement était déjà en cours
sur le quartier, et impliquait la destruction de tous le bâti. Mais
suite à la forte protestation des habitants, la municipalité a finalement lancé un
programme d'analyse des constructions de l'îlot. Elle constate alors la complexité de celui ci et décide de conserver certains bâtiments existants. Seuls les plus dégradés seront détruits
au profit d'espaces publics ou de constructions en accord avec la
typologie des bâtiments alentours.
Une concertation approfondie, lancée dès 2003 autour d'ateliers participatifs, a été
menée sur le secteur. Le dialogue entre les habitants du quartier, les
associations, les maîtres d'ouvrage et les services techniques de la
Ville a permis d'aboutir au projet tel qu'il se présente aujourd'hui.
Sur la question de la densité notamment, la concertation avec les habitants a permis de prendre le parti de conserver la densité pré-existante à l'opération, soit 105 logements par hectares. L'espace central a lui aussi été l'un des enjeux clef de cette concertation: il s'est avéré structurant pour le quartier en terme de repère et d'usage pour les habitants.

Respecter la diversité des formes urbaines

Le parti d’aménagement retenu s’appuie sur la diversité des formes urbaines qui caractérisent l’îlot. Il assume et conforte cette diversité. L'espace central, composé d'une placette et d'un jardin, les réunit. Autours de cet espace public structurant, le principe des passages, essentiel à l'organisation de certaines parcelles profondément enclavées dans l'îlot, est réutilisé dans le maillage des traversées piétonnes du quartier. Ainsi, dans l'objectif de favoriser de nouveaux usages de ceux ci, l'un des passages distribue la crèche et l'arrière de la cour de l'école.
La conception urbaine relève ici de l'analyse et la reproduction des gabarits et volumes existants, dans un système d’assujettissement des espaces construits par rapport aux espaces libres.
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Recréer du lien et du sens

Une dentelle de bâti

La démarche est novatrice pour l'époque: largement dégradé, d'ailleurs surnommé "Beyrouth" par ses habitants, le quartier fait peur. Sorte de frankenstein urbain, toutes sortes d'architectures se sont greffées les unes aux autres,les immeubles collectifs jouxtent les petites maisons, les baies vitrées toisent les petits carreaux des particuliers: années 30, 70, 90, il y a de tout, et tout est plus ou moins décrépi. Mais plutôt que de faire table rase du passé, les habitants ont dit non, fermement, il faut imaginer une autre démarche.
C'est Eva Samuel, l'architecte du projet, qui va apporter des éléments de réponse. Elle va privilégier "l'architecture du vide". A contrario des opérations classiques, où l'on s'efforce de remplir les vides, elle va s'efforcer de les préserver pour donner de la respiration et de la lisibilité au quartier, elle s'institue "Croix Rouge Urbaine".
Elle caractérise les espaces, et chaque rue voit une identité émerger: la rue des Orteaux devient "faubourienne", et le passage Fréquel "pittoresque", puisque bordé de petites maisons en piteux états, mais qu'il est impossible dans l'imaginaire commun de détruire.
L'îlot s'organise, et très vite, la nécessité d'implanter dans cet espace un commerce se fait sentir. Les habitants espèrent l'apparition d'un café ou d'un restaurant, bref, d'un lieu de convivialité qui permette de tisser des liens.
Et peu à peu, le quartier prend un nouveau visage.
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Imaginer un nouveau rapport avec la nature

Les préoccupations environnementales soulevées pendant la concertation ont alimenté le cahier charges de l’opération :
  • performances énergétiques élevées : respect des exigences du Plan climat de Paris.
  • conception bioclimatique du bâti: orientations, compacité du bâti, énergies renouvelables.
  • biodiversité et préservation de l’eau.
  • mobilités douces
Avant même le résultat final de l'opération, cette exigence environnementale a été observée durant la phase de chantier en limitant les productions de poussière et de bruit sur le chantier, en formant les différents corps de métier présents à la question environnementale, et en récupérant et triant les déchets issus du chantier en vue de leur éventuelle réutilisation.

La nature au coeur du programme

Comme évoqué précédemment, l’espace central de l’îlot, constitué d’une placette, d’un jardin public et de cheminements piétons, est une partie importante du programme. C'est aux deux tiers un jardin public, le tiers restant est un jardin partagé.Une attention particulière a été portée aux sols et à l'eau, via un traitement des espaces à base de matériaux locaux de récupérations, comme les pavés. Par ailleurs, la végétation a bénéficié d'un traitement particulier, les arbres à feuilles caduques ont été priviligiés pour la création d'espace ombragés l'été et ensoleillés l'hiver. Ont également été choisies des plantes non allergènes, peu gourmandes en eau, adaptées au climat parisien. Enfin, la perméabilité des sols a été travaillée pour permettre une infiltration des eaux de pluie plutôt que leur ruissellement.

Un bâti le moins énergivore et polluant possible

Des projets d'habitats passifs ont été programmés sur les parcelles les mieux orientées du point de vue de la luminosité. En été, une forte inertie thermique et une ventilation nocturne, éventuellement renforcée par l'utilisation de puits franciliens, sont sensées garantir le confort des bâtiments. Le site a été remarqué lors du concours des éco-quartiers de 2009 pour sa sobriété énergétique.
La crèche a quant à elle été pensée en fonction des nuisances sonores, notamment de la rue des Orteaux. Située à proximité de l'espace de verdure, le silence y est au moins garanti hors les murs.

Lors des phases de conception et réalisation, l'utilisation de matériaux sans diffusion de produits nocifs pour la santé garantie la qualité sanitaire des bâtiments. Par ailleurs, les maîtres d'oeuvres se sont engagés à ne prescrire que des matériaux renouvelables, en particulier à base de bois ou d'origine végétale. La possibilité d'utiliser des matériaux issus de la déconstruction "doit être examinée", en remblai par exemple, après contrôle de leur qualité. Enfin, et la contrainte est non négligeable, les matériaux retenus doivent être faciles d'entretien, tout comme le bâtiment.
Par ailleurs, durant trois ans après la livraison des bâtiments, l'AMO Terre-Eco doit procéder à l'évaluation des performances du projet, tant d'un point de vue strictement environnemental que du point de vue du "vécu" des habitants de l'îlot, suivant les axes de la charte "Un développement durable pour Paris", cités précédement.
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