Eco-quartiers.fr - Etudes de cas - Île Seguin - Rives de Seine

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Boulogne-Billancourt - Hauts-de-Seine (92) : Île Seguin - Rives de Seine

Projet en cours de réalisation
Découpé en plusieurs zones avec de nombreux îlots et macro-lots, de nombreuses réalisations ont déjà vu le jour essentiellement dans le quartier du Pont de Sèvres et dans la partie Ouest du Trapèze. Les livraisons sont échelonnées jusqu’en 2018.

Île Seguin - Rives de Seine
Site : Anciens terrains des usines Renault à Boulogne-Billancourt (deuxième ville d’Île-de-France après Paris). Il comporte plusieurs secteurs : l’Île Seguin, le Trapèze et le quartier du Pont de Sèvres
Superficie : 74 hectares
Programme : 850 000 m² dont 382 300 m² de logements et résidences (1/3 de logements sociaux), 281 000 m² de bureaux, 186 000 m² d’activités, équipements collectifs et commerces. Le nouveau quartier devrait compter 12 000 habitants et plus de 10 000 emplois
Procédure : Zone d’Aménagement Concerté
Calendrier : Découpé en plusieurs zones avec de nombreux îlots et macro-lots, de nombreuses réalisations ont déjà vu le jour essentiellement dans le quartier du Pont de Sèvres et dans la partie Ouest du Trapèze. Les livraisons sont échelonnées jusqu’en 2018.
Île Seguin - Rives de Seine
Maîtrise d'ouvrage : Ville de Boulogne-Billancourt
AMO DD/HQE :
Equipe de maître d'oeuvre : De nombreux architectes parmi lesquels Patrick Chavannes (Trapèze), Jean Nouvel (Île Seguin), et Christian Devillers (Pont de Sèvres) dans le rôle d'architectes de coordination
Promoteur / Constructeur : De nombreux promoteurs répartis sur les lots.

Les enjeux

Reconversion d'un site industriel majeur
Les terrains de l’Île Seguin et des Rives de Seine, soit 10% de la surface de la commune de Boulogne-Billancourt, ont accueilli entre 1929 et 1992 les usines Renault qui ont marqué symboliquement la mémoire de la ville. Des années 1930, pendant lesquelles l’usine Renault de l’Île Seguin était la plus importante de France (30 000 employés), jusqu’à la démolition des bâtiments de Boulogne-Billancourt dans les années 2000, l’Île Seguin et les Rives de Seine sont connues pour la mobilisation des ouvriers Renault et pour les droits sociaux obtenus lors des grèves de 1936 et 1968. La régie nationale des usines Renault, ainsi nommée à partir de 1945 avec la nationalisation des usines, a par ailleurs été le symbole de la modernité industrielle française après la Seconde Guerre mondiale et a fait de Boulogne-Billancourt un pôle économique majeur du parc francilien.

Depuis les années 1990, après la décision de fermer les usines de Billancourt et durant le processus de nettoyage puis désamiantage du site, de nombreux projets ambitieux pour sa réhabilitation ont été proposés. Compte tenu de la diversité des zones, de l’étendue du site, et des contraintes règlementaires s’appliquant à ce type d’opérations, des difficultés sont apparues pour choisir et lancer les projets. En 2003/2004, la Zone d’Aménagement Concerté et la SAEM Val de Seine Aménagement sont créées, ce qui marque le début du mouvement de réhabilitation.

Un des enjeux du site est la rénovation du quartier du Pont de Sèvres, qui avait été érigé en quartier sur dalle au début des années 1970, par l’Office public d’aménagement et de construction de Paris (aujourd’hui Paris – Habitat OPH). Il fait partie intégrante du projet depuis l’origine, dans le but de retrouver sa place dans la ville. La liaison entre le quartier et le reste de la ville est le fil directeur du projet d’aménagement, qui a mis l’accent sur un accès renforcé au quartier, notamment par des passerelles et des rues nouvelles. Les ambitions de rénovations pour le quartier du Pont de Sèvres ont pu se concrétiser grâce à la signature en 2008 de la convention ANRU, qui permet de réunir les financements importants de la part d’un grand nombre de partenaires institutionnels.

L’ambition affichée par la ville de Boulogne-Billancourt est donc de proposer aux nouveaux habitants et futurs salariés un lieu de vie en phase avec la modernité du XXIème siècle et qui conforte l’image de la ville, grâce à un territoire attractif pour les entreprises et les salariés, une accessibilité variée et renforcée, des logements pour tous, et un cadre de vie de qualité.
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Le projet

Création d'un véritable morceau de ville
Le projet porté par la SAEM Val de Seine Aménagement est d’abord marqué dans sa globalité par une vision prospective du développement durable. L’opération Île Seguin – Rives de Seine, de par l’étendue de son périmètre, est ainsi l’occasion de mettre en pratique le développement durable de façon plus totale et donc plus efficace. Le réaménagement d’un morceau de ville majeur et stratégique, qui n’assure plus sa fonction économique comme à son origine, s’inscrit parfaitement dans l’esprit de « recyclage urbain », par l’exploitation de son accessibilité notamment.

La démarche environnementale fait donc partie des exigences demandées à l’ensemble des partenaires de la SAEM qui, par leur engagement dans le projet, participent aux innovations et démarches prospectives voulues par la ville, souvent au-delà des règlementations actuelles. La SAEM Val de Seine et ses partenaires portent ainsi quatre grandes priorités qui sont les suivantes :
  • La mixité : un quartier attractif, multiple et vivant
  • Une gestion de l’eau globale, économe et innovante
  • Une forte exigence pour des bâtiments économes en énergie
  • Un réseau de chaud et de froid qui privilégie les énergies renouvelables.

Autre pierre angulaire du projet, l’aménagement d’espaces publics conséquents a fait l’objet d’une attention toute particulière de la part de la SAEM. Plus de la moitié de la surface du projet sera réservée à des espaces publics ou des promenades, avec une forte présence de jardins et de plantations. La ville souhaite en effet renforcer la qualité du cadre de vie des habitants et salariés, avec au cœur de cette volonté deux projets majeurs : le parc de Billancourt (7 ha) et le jardin de l’Île Seguin.

Les circulations douces sont également privilégiées et sont imaginées comme des lieux de transition entre espaces privatifs et espaces publics. La requalification du quartier du Pont de Sèvres fait partie de cette réflexion sur les espaces publics, tant du point de vue des perméabilités entre les espaces collectifs qu’en termes de qualité de vie.

Enfin, l’aménagement de l’Île Seguin est axé sur les thématiques de création et d’innovation, ce qui fait d’elle un nouveau pôle de développement culturel pour le programme Vallée de la Culture du Conseil général des Hauts de Seine. Ambitieux, le site est destiné à être un pôle de culture à vocation internationale sans équivalent en Île-de-France, en devenant notamment un lieu attractif pour les entreprises créatives. Zone du site qui sera aménagée après les autres, l’Île Seguin accueille déjà une partie de son jardin et un certain nombre de manifestations qui animent pour un temps cet espace encore non aménagé.
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En savoir plus

Officiel :

Le projet de l'Île Seguin fait l'objet depuis ses origines de nombreuses oppositions. C'est d'autant plus le cas depuis une révision simplifiée du PLU en 2011 qui autorise une constructibilité de 310 000 m² sur l'Île Seguin, soit presque autant que l'ensemble des surfaces déjà livrées sur le Trapèze. Pour de l'information d'une autre teneur, allez faire un tour sur le blog d'opposants :

Vidéo :


Photos par Paul-Antoine Lécuyer & Textes par Camille Mul
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Offrir une qualité de vie renouvelée

Pour limiter l’impact sur la qualité de vie des habitants et riverains actuels, le projet Île Seguin – Rives de Seine a mis en place une démarche de « chantier vert ». Le chantier est en effet générateur de nombreuses nuisances (bruit, déchets, rejets…), c’est pourquoi la SAEM s’est fixé l’objectif de les réduire au maximum en faisant appel à un bureau d’études spécialisé pour le suivi et le contrôle environnemental du chantier. Ainsi, les produits de démolition des ateliers de l’usine Renault ont été réutilisés pour le remblai de l’île, une charte acoustique a été adoptée, les déchets de chantier bénéficient d’un traitement spécifique… De plus, l’aménagement global de la ZAC ayant été programmé en plusieurs phases selon les différents secteurs, le chantier n’a pas généré de nuisances dans toutes les zones en même temps. Dès la phase de chantier, le projet s’est donc attaché à maîtriser les risques sanitaires pour les habitants.

Pour assurer le bien-être des habitants, les concepteurs ont développé un rapport innovant entre espaces publics et espaces privés : les espaces publics majeurs (principalement le parc de Billancourt et le jardin de l’Île Seguin, mais aussi le Cours de l’Île Seguin) forment un réseau de promenade qui est connecté aux bâtiments et aux espaces privatifs organisés en îlots, qui permettent une perméabilité des espaces. C’est toute la démarche de l’aménageur qui vient renforcer le bien-être à l’intérieur de l’opération, par le choix d’organiser l’espace en macro-lots et d’en confier la coordination à des architectes.

La qualité de vie est ainsi favorisée par une diversité des espaces, tous connectés au projet global, celui de créer un véritable morceau de ville permettant tous les usages de l’espace et de nombreuses activités. L’éco-quartier Île Seguin – Rives de Seine compte ainsi dans son périmètre des établissements scolaires et d’accueil pour la petite enfance, des équipements sportifs et culturels publics et privés, des commerces, etc, qui répondent aux besoins de chacun.
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Recréer du lien et du sens

Affichée comme une des quatre priorités du projet, la mixité fonctionnelle et sociale est présente dans l’ensemble des opérations, à toutes les échelles. Un même bâtiment peut ainsi intégrer habitat et équipements publics, logements sociaux et logements classiques ; un lot peut accueillir des bureaux, des logements, des commerces… L’éco-quartier se veut donc vivant, multiple et attractif. Le nouveau quartier de la Rive de Billancourt, dont la partie ouest est désormais achevée, comprend ainsi entre autres une crèche, un équipement culturel, un groupe scolaire.

La rénovation du quartier du Pont de Sèvres fait partie du projet d’éco-quartier avec l’ambition de le relier au reste de la ville et de faire en sorte que ses habitants se sentent aussi chez eux dans les autres secteurs de l’éco-quartier. Le projet met donc l’accent à la fois sur des perméabilités piétonnes renforcées au sein du quartier existant, en créant des passages, des montées, des rues et des allées circulées, et à la fois en créant des liens avec le Trapèze et l’Île Seguin. La passerelle Constant Lemaître qui relie le Forum haut (Quartier du Pont de Sèvres) au Cours de l’Île Seguin et qui permet d’accéder au Parc de Billancourt, est un symbole fort de l’ouverture du quartier au reste de l’éco-quartier et à la ville. Elle vient d’être livrée, ouverte au public depuis le 13 juillet 2012. L’Île Seguin, isolée par définition, se verra reliée aux rives de la Seine côté Billancourt et côté Meudon par trois ponts et deux passerelles qui intégrerons l’Île à son environnement.

Concernant la mobilité, les déplacements doux sont privilégiés dans l’ensemble de l’éco-quartier, notamment sur l’Île Seguin dont l’accès automobile sera limité ce qui libèrera de la place sur le Pont Renault. Des stationnements vélos sont prévus en nombre dans le Trapèze et le site sera relié aux transports en commun avec une optimisation des correspondances à pied et en bus.

Enfin, l’opération Île Seguin – Rives de Seine trouve du sens auprès des habitants et futurs occupants des logements et des bureaux grâce à la gouvernance choisie par l’aménageur, menée en partenariat avec Renault (propriétaire des terrains) et en concertation avec les Boulonnais. La démarche partenariale a ainsi donné naissance à une charte de développement durable, véritable entrée dans la démarche environnementale pour l’ensemble de l’opération. Le choix de découper le site en macro-lots et de les confier à un architecte coordonnateur, qui a élaboré un projet d’ensemble et donné des directives aux architectes de chaque lot, démontre la volonté de la ville de créer des outils à la hauteur de l’ampleur du projet. Les Boulonnais ont aussi été impliqués dans le projet d’éco-quartier, avec deux procédures de concertation, la première propre à la rénovation du quartier du Pont de Sèvres dans le cadre de la convention ANRU, et l’autre pour l’opération Île Seguin – Rives de Seine.

Une attention particulière a été apportée à la communication des informations relatives au projet auprès des habitants, grâce au Pavillon d’information et à de nombreux panneaux présentant l’histoire du site, le contenu du projet, l’avancement des différents chantiers… Depuis le début des aménagements, des lieux d’information sont donc présents sur le site et évoluent au rythme de l’avancement du chantier. Le projet étant découpé en plusieurs zones, et les opérations étant étalées dans le temps, certains espaces sont d’ores et déjà occupés par des activités éphémères qui font vivre le lieu. C’est le cas du « Cirque en chantier », petit village blanc composé de chapiteaux et accueillant des spectacles de cirque internationaux, animant un espace éphémère de partage et de création, qui pose les fondations du projet culturel de l’Île Seguin.
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Imaginer un nouveau rapport avec la nature

L’ensemble du projet Île Seguin – Rives de Seine est se donne des objectifs de lutte contre le changement climatique, notamment par l’exigence que tous les bâtiments aient une certification environnementale. Le projet a toujours été un peu en avance par rapport à la réglementation, anticipant par exemple en 2005 les niveaux d’exigence Très haute performance énergétique et Bâtiment basse consommation. Le symbole de ces objectifs environnementaux sur le bâti est le projet de crèche à énergie zéro, équipement dont la consommation d’énergie est minimale pour être compensée par une production équivalente.
 
Au-delà des exigences sur le bâti, l’opération a aussi été l’occasion d’innover en termes de gestion des ressources. La ville de Boulogne Billancourt et la SAEM Val de Seine Aménagement ont d’abord fait le choix d’un réseau de chaud et de froid exemplaire compte tenu de la taille de l’opération et de la densité des bâtiments concernés. Le système de chauffage, de climatisation et de rafraichissement a en effet été mis en place sur l’ensemble de l’opération, permettant d’être plus efficace dans la lutte contre l’émission des gaz à effet de serre. Le réseau de chaud sera alimenté grâce l’énergie produite par le centre d’incinération des déchets ménagers d’Isséane (Issy-les-Moulineaux), et tous les constructeurs des logements ont l’obligation de se raccorder au réseau, ce qui permet d’éviter les coûts des équipements liés au chauffage et de gagner de la place. L’existence d’un système de chauffage urbain organisé autour d’un bouquet énergétique a aussi l’avantage de pouvoir améliorer le contenu du bouquet, par des investissements trop coûteux pour les propriétaires individuels. Le projet prévoit également un réseau de froid innovant car dissimulé dans les volumes vides du pont de Sèvres, qui utilisera l’eau de la Seine pour refroidir des stockages de glace. Egalement obligatoire pour les besoins de rafraichissement des constructeurs de bâtiments tertiaires, le réseau de froid permettra d’éviter les équipements en toiture (pollution visuelle et sonore).

La gestion de l’eau prévue dans le projet est également optimisée de façon globale sur l’ensemble des échelles du projet. Le système sépare les eaux en trois réseaux (eaux usées, eaux pluviales claires issues des toitures et des zones non circulées et eaux chargées issues des zones circulées) afin d’utiliser les eaux selon leur qualité après récupération, tout en régulant le rejet dans la Seine. Les eaux de pluie chargées sont traitées puis rejetées en Seine avec un contrôle du débit. Les eaux de pluie claires sont récupérées à partir des toitures et s’infiltrent dans les jardins en cœur d’îlot, puis elles alimentent les noues des espaces publics circulés (cours de l’Île Seguin, allée Robert-Doisneau, cours Emile Zola et traverse piétonne Jules Guesde) vers le Parc de Billancourt. Le Parc est au cœur du système : il dispose d’espaces de stockage des eaux de pluie qui serviront à l’arrosage des espaces verts, et il a une grosse capacité de stockage en cas de fortes pluies ou de crue. L’eau est ainsi mise en valeur de façon ludique et pédagogique dans l’ensemble du site, et le système permet de grandes économies de canalisations et d’entretien des réseaux souterrains.

L’éco-quartier ambitionne enfin de réintroduire une biodiversité dans le quartier grâce à la surface réservée aux espaces verts dans lesquels seront présentes les espèces végétales et animales recensées lors d’une étude complète de la biodiversité du site. Le Parc de Billancourt est conçu pour accueillir une faune rare en milieu urbain (amphibiens, micromammifères, oiseaux…), et la SAEM prévoit de mettre en place un Observatoire de sa biodiversité. La réintroduction de la biodiversité sur le site sera possible grâce à une gestion différenciée des espaces verts : des « lieux jardinés » entretenus quotidiennement, et des « lieux de nature » où l’intervention sera moins fréquente, où il n’y aura pas d’arrosage automatique…

Ainsi la ZAC Île Seguin – Rives de Seine innove sur plusieurs problématiques environnementales, faisant de l’ampleur de l’opération une force pour mettre en place des systèmes globaux efficaces.
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