Eco-quartiers.fr - Le blog - Septembre 2011 - Quelle durabilité des bâtiments écologiques à l’usage ? (4/6)

Dans le premier épisode, nous avions évoqué le choix de quatre dispositifs techniques emblématiques du bâtiment du point de vue des économies d’énergie : les terrasses sur passerelles extérieures bois (épisode 2)la façade végétalisée (épisode 3)la ventilation double fluxle sol...

Quelle durabilité des bâtiments écologiques à l’usage ? (4/6)

Dans le premier épisode, nous avions évoqué le choix de quatre dispositifs techniques emblématiques du bâtiment du point de vue des économies d’énergie :
  1. les terrasses sur passerelles extérieures bois (épisode 2)
  2. la façade végétalisée (épisode 3)
  3. la ventilation double flux
  4. le sol écologique marmoléum
Dans le présent billet, nous abordons le cas du dispositif technique de chauffage et la ventilation double flux afin d’analyser la durabilité des bâtiments écologiques à l’usage.  

Le dispositif technique de chauffage et la ventilation double flux
  • Les règles de perception de l’air sain
Le système technique de chauffage du Pallium fonctionne principalement sur une isolation à l’air du bâtiment couplée à une ventilation double-flux qui insuffle de l’air extérieur réchauffé dans le logement. A l’usage, ce système technique se retrouve confronté à tout l’imaginaire de l’air sain dans l’espace privé. Il révèle en premier lieu une perception chez la majorité des habitants d’odeurs dans les chambres et le salon. Comme le précise cette habitante, " J’ai des odeurs de cuisine de chez mes voisins, en ayant mes fenêtres fermées. Ça passe par les VMC, ça descend en fait. Je pense que ça doit descendre parce que souvent on me dit : " c’est pas possible ça sent l’ognon ". On a rien fait de spécial, c’est en plein après-midi. Ça sent l’ognon ou la soupe ou voilà. C’est bizarre. ". Une autre voisine raconte au niveau des chambres : " Alors j’aère la chambre énormément mais on a l’impression qu’il y a quelqu’un qui fume dans leur chambre. Ça fait que dans les chambres de mes enfants. Et là dès fois c’est de la cuisine, vous savez on a des indiens au dessus et dès fois ça sent le curry (rires) donc du coup si vous aimez pas le curry comme moi c’est pas trop mon truc... Au début je comprenais pas je savais pas d’où ça venait et c’est après que j’ai compris que ça venait des aérations. ". Cette perception des odeurs de cuisine des voisins dans les logements renvoient d’ailleurs plus chez les habitants à celles de la " hotte ", que l’on doit par conséquent chasser de la maison, qu’à celle qui peut s’échanger par les fenêtres extérieures et qui pourraient même dans l’usage ouvrir l’appétit ou encore donner envie de se faire inviter. L’air insufflé est alors plutôt perçu comme " sale " voire " inquiétant ", comme le traduit cette habitante : " on sait pas d’où il vient cet air. C’est inquiétant ça aussi. On s’est dit, ouais, y a de l’air frais soit disant qui doit passer mais il vient d’où ? Des garages ? ". En effet, en insufflant de l’air dans le logement, la ventilation double flux se retrouve confrontée dans l’usage à la représentation de l’air sain chez les habitants. Dans cet imaginaire collectif, les bouches comme les conduits sont plutôt associés à l’ " évacuation ", au " sale ", au monde des " machines " ou encore aux " souffleries ". Il n’est donc pas vraiment étonnant que les usagers soient nombreux à avoir bouchée les entrées d’air pour reconstituer les seuils de leur espace privé, comme le reconnait cette habitante : " Ben moi dans la chambre de mes enfants, c’est pas bien mais je les ai bouchées en fait parce qu’en fait mes enfants sentaient les cigarettes des voisins ".

  • Les règles d’usage des fenêtres
Par l’étanchéité du bâtiment et son renouvellement d’air par la ventilation double-flux, le nouveau système technique de chauffage se retrouve également confronté dans l’usage à l’habitude sociale d’aérer.
Tout d’abord, les pratiques sociales des habitants du Pallium révèlent un premier usage des fenêtres comme régulateur thermique, notamment lorsqu’il fait trop chaud dans le logement malgré les radiateurs éteints : " L’été, il fait chaud, l’hiver, il fait chaud. Les gens ils viennent chez nous, ils ont trop chaud. Et on peut pas éteindre le chauffage. (...) Oui, on peut rien faire, vu que le chauffage est éteint. A par laisser les fenêtres ouvertes... ".
Ensuite, l’ouverture des fenêtres s’inscrit chez la majorité des habitants dans des habitudes de purification du logement, de chasse aux miasmes, ou de rites de passage d’une activité sociale à une autre et reste particulièrement ancrée dans l’imaginaire collectif. Comme plusieurs de ses voisines, cette habitante explique : " Le matin, j’ouvre la chambre, je mets les coussins sur la fenêtre, on déjeune, c’est à dire la chambre elle rester aérer à peu près une demi-heure trois quart d’heure, après je fais le lit et je ferme à ce moment là. Et encore je ferme pas complètement, car je laisse toujours un peu ouvert dans la chambre, pour que ça puisse circuler ". De plus, chez les habitants, il est également dans l’usage de toujours laisser une fenêtre entre-ouverte la journée pour s’assurer que le logement reste sain. Enfin, l’usage de l’ouverture des fenêtres s’inscrit bien sûr dans un rapport social à la rue plus large. En effet il s’agit pour les habitants d’ouvrir les fenêtres non seulement pour purifier le logement, mais aussi pour " mettre le nez dehors ", " faire rentrer le soleil ", " écouter les bruits de la rue ", " s’accouder à la fenêtre " ou encore " discuter avec un ami " qui passe sur le trottoir.

A suivre…
1 commentaire

Commentaires

  1. 1

    Un peu d'humanité au milieu de la "mécanisation" du logement, ça fait du bien. Merci pour ces témoignage qui augurent des prochains sinistres sanitaires types salmonéle ( orthographe?) et autre miasmes difusé via des conduits double flux mal entretenus...
    On a le droit d'ouvrir sa fenêtre sans être taxé d'anti-écolo!

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