Eco-quartiers.fr - Le blog - Mai 2015 - Rencontre avec Bellastock, de la conception à la fabrication de la ville

Nous avons rencontré Clément Gagliano, assistant de communication au sein de l'association Bellastock lors du festival Play Mobile qui s'est déroulé le weekend du 14 au 17 mai. Nous en avons profité pour poser quelques questions afin d'en savoir un peu plus sur le fonctionnement de...

Rencontre avec Bellastock, de la conception à la fabrication de la ville

Nous avons rencontré Clément Gagliano, assistant de communication au sein de l'association Bellastock lors du festival Play Mobile qui s'est déroulé le weekend du 14 au 17 mai. Nous en avons profité pour poser quelques questions afin d'en savoir un peu plus sur le fonctionnement de l'association portant sur l'architecture, l'art et l'urbanisme. Merci à Antoine Aubinais, Architecte DE HMONP - Responsable internationale | Co-fondateur de Bellastock et Julie Benoit, Architecte DE HMONP - Responsable Recherche et Développement pour leurs réponses.


Comment est née l’association, quel est l’objet de ce collectif, et comment a-t-il évolué ?

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L'association Bellastock s’est fondée sur l’organisation d’un festival d’architecture expérimentale pour les étudiants d’écoles d’architecture. Au départ l'objectif était de proposer, à la manière d'un workshop amélioré, la construction à l'échelle 1:1 de structures pour faire une ville éphémère. Aujourd’hui, Bellastock fédère un grand nombre de pratiques alternatives de la conception et de la fabrication de la ville. L’association multiplie ses projets, œuvrant dans les domaines du social, de l'environnemental, de la culture et de l'économie. Sa finalité reste de porter des actions concrètes de développement durable en travaillant en immersion dans un territoire.
Bellastock est une association d’architecture au carrefour de plusieurs disciplines, qui a pour vocation de concevoir et de mettre en œuvre collectivement des projets liés à l’architecture, à la ville et au territoire. Bellastock soutient une autre façon de faire la ville, plus ancrée dans son temps et plus respectueuse de son environnement. Elle  porte une réflexion sur les projets associant l’innovation architecturale aux actions pédagogiques et citoyennes.
Nous fonctionnons sur le système de l’association, avec des adhérents qui adhèrent à la philosophie du projet. On n'est donc pas un collectif au sens réunion de personnalités savantes autour d'une motivation commune, par contre, on accorde beaucoup d'importance à ce mot, car tous nos efforts sont le reflet d'une mobilisation collective ; nos projets étant toujours composés d'équipes à géométrie variable, de 10 à 1000 (comme la ville éphémère).


Quel rapport entretenez-vous par rapport au développement d’un urbanisme qui prend en compte l’économie circulaire ?

Bellastock est véritablement pionnier en matière de réemploi. Nous soutenons, développons et participons activement à une recherche-action autour de ces questions.  Nous abordons le développement d’un urbanisme non plus linéaire (produire ==> consommer ==> jeter) mais circulaire (pas d'exutoire dans l'économie circulaire). Les problématiques de base seraient donc :

Comment fait-on pour puiser dans les ressources existantes afin de permettre son propre renouvellement ? Et comment fait-on pour éviter de considérer un objet utilisé comme un déchet mais comme quelque chose de réutilisable en l'adaptant un minimum. Adaptées à l’urbanisme, ces questions se transforment et s’intègrent à la question de savoir comment puiser les ressources latentes d'un territoire pour son propre renouvellement.
Le travail se construit en immersion, sur le terrain, comme durant le festival. On fédère autour de projets-processus : chaque étape est influencée par les remarques et les différentes ressources du territoire.
Nous avons deux principaux programmes de recherche visant à ce que chaque territoire devienne sa propre carrière de matériaux.

- Recherche-action REPAR I et REPAR II (en cours de rédaction) et les actions pratiques qui en découlent (diagnostique territorial, étude de faisabilité, expertise, projet, suivi de chantier), soit comment réaliser un bon diagnostique territorial pour comprendre comment on trouve les bons matériaux et avoir un diagnostique précis pour créer une synergie et transversalité entre projets et compétences (artisan / prescripteurs / architectes..).

- FACT : aménagement des espaces publics : comment faire pour intégrer la volonté des citoyens au renouvellement du territoire. FACT : recherche-action consistant à établir avec les habitants un cahier des charges pour comprendre leurs besoins et aménager l'espace sans passer par le schéma classique. Le cahier des charges est donné à des artistes (et non pas des architectes) pour concevoir des interventions insolites en utilisant les ressources immatérielles du territoire (besoin des habitants) + matérielles (rebuts, etc.). Nous tendons en outre à décloisonner les boites à outil ordinaires et représentatives d'un lieu, pour ne pas calquer la même chose partout.


L'Actlab de Bellastock est installé depuis un moment maintenant sur le site du projet d’écoquartier fluvial de L’Île-Saint-Denis ? Quel bilan tirez-vous de la démarche en cours sur ce projet ?

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Actlab est le laboratoire manifeste du réemploi de matériaux de Bellastock. Il se compose d'un volet recherche appliquée sur la matière, d'ateliers spécifiquement dédiés à la construction en réemploi, et d'un jardin qui expérimente la re-génération de sol sur une terre inerte. Issu de la démolition des entrepôts du Printemps sur le même site, nous y expérimentons toutes les techniques de développement nécessaires à nos recherches. On ne peut pas véritablement parler de bilan puisque ce projet n'a pas vocation à se finir mais pérenniser une action durable sur le réemploi. Grâce à divers gisements provenant d'ailleurs, nous y stockons de la matière, nous la testons, nous construisons peu à peu.


La deuxième vocation actlab est l’ouverture culturelle du chantier. Nous sommes sur une ZAC de 20 ha dont la livraison finale est prévue à l'horizon 2020. Actlab a pour but de préfigurer un morceau de ville dans ce grand chantier, pour l'ouvrir au public et placer la question du réemploi au coeur de la place publique. C'est une grande réflexion sur les porosités villes-chantiers qui s'est amorcée, et qui est nécessaire au regard des grands chantiers à venir dans la métropole parisienne (Grand Paris). Nous espérons qu'intégrer physiquement la présence de l'habitant dans nos recherches permet de les influencer, et de légitimer les grands projets d'aménagements comme la question du réemploi - qui est une vrai réponse à la raréfaction des ressources.
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D’autre part, des guinguettes ont déjà été organisées, notre but étant que les usagers se sentent vraiment inclus dans le projet, qu'ils comprennent à quoi sert notre action et qu'est-ce qu'elle implique en matière de respect de l'environnement, de cycles de la matière, des différences entre le réemploi et le recyclage, des notions paraissant encore trop floues aux yeux des néophytes pourrait-on dire.




Quelle est l’actualité de votre association et quels sont vos projets en cours ? Pouvez vous nous parler du Festival Play Mobile ?

Le festival Play Mobile parrainé par Yona Friedman, du 14 au 17 Mai, sur le thème des mobilités douces en espace urbain. Chaque année le festival aborde un thème différent, lié à l'architecture, afin d'encadrer au mieux les 1.000 participants. Réunis par équipe de 5, ils avaient donc pour consigne cette année de construire des infrastructures avec des matériaux légers qu'on allait pouvoir ensuite réintégrer dans un nouveau cycle de matière (15 tasseaux, de la bâche et gaine annelée).
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L'ensemble du festival s'est déroulé sur deux sites participants au projet d'aménagement urbain du grand Roissy : le premier était le parc d'activités paris Nord 2, où les participants ont pu construire et tester leurs structures, avant de plier bagage le 3eme jour (journée d'ouverture au public), de transhumer sur 3kms pour rejoindre le second site : chantier Aérolians et remonter le tout, vérifiant ainsi les principes de la ville nomade.



Des projets à venir

Stains
Quartier du Clos St Lazare, NPNRU (Nouveau programme national de rénovation urbaine)
Une impulsion cet été : on organise des chantiers pionniers pour concevoir et construire collectivement des micro-aménagements en réemploi qui animeront la saison estivale du quartier (espace guinguette, espace jardin). La matière vient de démolitions du quartier; une partie est extraite directement pour ces chantiers pionniers, une autre est conservée pour les projets futures du quartier; elle sera stockée cet été de façon "scénographie", pour éveiller la curiosité des habitants.
Un projet à long terme qui devrait en découler : créer à partir de 2016 une boucle d'économie circulaire: structurer une filière de réemploi locale qui met en synergie les démolitions et reconstructions à venir. L'opérateur principal pourra être une association locale, comme la Régie de Quartier, qui s'intéresse de près (et expérimente déjà) le principe de Ressourcerie / Recyclerie

Lamaze
« Lamaze, enlève tes bretelles » est une fête de mobilisation qui aura lieu pour la seconde fois sur le viaduc Lamaze de l’autoroute A1 à St Denis le 7 juin de 11h à 19h. Un événement co-construit entre habitants, structures locales, artistes et services municipaux, ayant pour but de mobiliser et de sensibiliser les habitants et les pouvoirs publics sur les nuisances engendrées par cette bretelle d’autoroute. Une vingtaine d’associations et de collectifs locaux proposeront des activités artistiques, pédagogiques, et de sensibilisation.

Canal de l'ourq
Aménagement de 5 sites le long du canal de l’Ourcq, autour des stations de la navette fluviale mise en place pendant les 2 mois d’été par le CDT93. Création et activation d’une industrie de transformation de la matière pour transformer le canal en industrie du loisir. Mise en place d’une programmation de l’industrie avec des acteurs invités sur des thématiques spécifiques.

L'été d'Actlab
Des animations prévues cet été, autour de la suite de la construction du lieu, avec des stages chantiers. Puis en septembre, avec Fact, pour accueillir des résidences d'artistes. Plus d'infos prochainement sur notre site internet ici !
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